dimanche 21 novembre 2010

Octobre

Samedi 1 octobre : Aujourd’hui, il y a eu la prise d’habit de Eliete, son prénom a changé, c’est maintenant Sœur Maria-Salomé. Une journée exceptionnelle: autant je suis habitée au mariage, autant la prise d’habit..! C’est un choix de vie tellement radical et à mon sens tellement difficile, que ça n'en est que plus beaux !! Cela dit, chaque vocation a sa beauté et sa radicalité.



Dimanche 2 octobre : Journée particulièrement importante aujourd’hui au Brésil: ont lieu les élections présidentiels, régionales, départementales. Après la messe, la maison se vide donc pour aller voter dans les bureaux de Salvador.
Paula me propose de venir avec elle pour vivre une journée d’élection façon brésilienne ! On aurait pu se croire jour de carnaval...sauf que les gens te harcèlent pour te donner les prospectus des différents candidats, les rues goudronnés sont transformées en rues recouvertes de prospectus, les gens dans les bus cries qu’il faut voté tel ou un tel !! Bref c’est de la pure folie ! Tous, de 18 ans et 60 ans, sont obligés de voter faute de quoi ils ont une amende! DE plus, si vous désirez l’obtention d’un visa, vous ne pourrez pas l’avoir si vous n’avez voté lors des dernières élections!! Pour les cas de maladie, d'hospitalisation ou de voyage à l'étranger durant la période électorale, les personne ont deux semaines pour se justifier!
Premier résultat des présidentiels: il y a le deuxième tour. Espérons que Dilma ne se fera pas élire car après différentes recherches, je crains qu'elle ne soit pas la meilleure Présidente pour le Brésil.

Pour le reste des nouvelles, il y a eu pas mal de visites nocturnes dans la communauté ces derniers temps, un chiot de 4 mois a donc été accueillit, il sera dressé et mis en liberté la nuit, afin de passer l’envie de vadrouiller à ces fameux visiteurs nocturnes!

Lundi 3 : Rien de très philosophique, ni hautement spirituel pour aujourd'hui:
Depuis quelque temps, les communautaires me faisaient quelques réflexions sur mes cheveux trop longs, ma frange trop importante (ce qui était vrai d'ailleurs!!). Une communautaire qui a l’habitude de couper les cheveux de tout le monde m’a donc proposé de s'occuper des miens... Pas complètement folle, je lui ai demandé avant si elle savait faire! J’avais donc rendez-vous à 11h30 ce matin … pour un rafraichissement de coupe pas grand chose normalement !! Nous voyons ensemble la longueur de la frange et des cheveux…et la coupe commence... Problème de compas dans l'œil, la frange s'avère vite plus courte que prévue! Puis elle passe au cheveux et là, je sens qu’elle commence également à couper court ! Une fois finie, j'eus la « joie » de constater les dégâts en retrouvant le miroir: conclusion: ne laissez pas vos cheveux dans les mains d’une brésilienne: vous vous retrouverez très vite comme moi avec plus grand chose ! Qui sait, je vais peut-être remettre à la mode la « coupe Jeanne d'Arc »?!! (Blague à part, heureusement que mes cheveux poussent vite, ça limitera les dégâts dans le temps!!)
Ce soir, à la fin du diner, nous avons voté pour le nom de la petite chienne c’était très amusant! Tout le monde a trouver un petit nom différent€, finalement nous nous sommes arrêtés sur Xena, comme la guerrière! Jolie nom …. Qui vaut bien pour une gardienne de maison !!

Mardi 4 octobre : Les quelques jours depuis samedi furent un peu difficiles, des préoccupations m'occupaient la tête, et il est toujours difficile de garder sourire et bonne humeur dans l'épreuve! Heureusement ma chère Sœur Madalena a su une fois de plus m’écouter et me dire les paroles réconfortantes pour continuer sur mon petit chemin de vie ! Ce matin le frère m’a appris que Véréna ne monterait plus à la crèche car ses études lui prennent trop de temps pour pouvoir venir en plus l’après-midi. Je suis très déçue car j’ai une très grande affinité avec Véréna, je l’apprécie particulièrement. Et de surcroît, je vais me retrouver seule tous les jours avec les plus petits!! De fait, nous ne sommes plus quatre mais trois à gérer tous les enfants de tous âges ! Il n’y a qu’avec la grâce de Dieu que nous pourrons continuer à faire de la crèche et lieu d'épanouissement et de construction pour chaque enfant.
Cette après-midi, Sœur Johanna est montée nous aider. Elle est restée avec moi, puis elle s’est occupée du goûter comme j’en ai l’habitude. Sr Johanna a fait partie des premières de la crèche. A la fin de l’après-midi elle m’a dit que pour elle c’était difficile car en l’espace d’un an, elle avait vu les enfants changés...mais pas en bien: ils sont beaucoup plus agressifs et plus violents. Je comprends que d’avoir vu des enfants grandir, les quitter une année et ensuite les voir changer doit être attristant.
Au départ de Sr Joana, et de Marianha et Elenita l’année passé, la communauté pensait arrêter la crèche car personne ne pouvait reprendre. Elle fonctionnait de 8h du matin à 16H de l’après-midi avec douche, petit-déjeuner, déjeuner et gouté en guise de diner. A leurs départs pour un an en Europe, il était impossible de garder ce rythme par manque de personnes. Ils ont malgré tout voulu garder la crèche d’ouverte pour maintenir un contact avec les enfants et les ados. Aujourd’hui malheureusement les enfants sont éduqués dans la rue et par la rue, le peu de temps qu’ils passent à la crèche ne suffit pas pour les en garder. Le choc est donc rude pour Sr Johanna, Marianha et Elenita, car elles connaissaient les enfants depuis tout petits.
Autre nouvelle: j’ai su par Marcio que la famille française arrive jeudi prochain, un peu de compagnie francophone ne fera pas de mal!!
Dernière péripétie de la journée: ce soir, il y a eu une coupure d’électricité durant le repas, qui a duré jusqu’à ce que je me couche, j’imagine que l’électricité est revenue dans la nuit.

Mercredi 6: Cette après-midi, je suis restée avec les ados, elles ont travaillé la danse qu’elles vont présenter la semaine prochaine pour la fête des enfants.
Sr paula a trouvé un oiseau de même couleurs qu'un perroquet, mais il ne peut pas voler car ses ailes ont été coupées, certainement qu’il appartenait à quelqu’un avant. Ce n’est pas exactement un perroquet car il est plus petit et il ne parle pas; mais avec la chienne, le perroquet qui ne parle pas, les tortues, la vache et le cheval dans le champ à côté, on se croirait dans une ferme !

Jeudi 7 : aujourd’hui, c’était un peu spécial, la crèche a duré moins longtemps mais les enfants étaient contents! Pour la première fois j’ai dû crier pour avoir vraiment le silence (silence que j’ai bien apprécié d'ailleurs!!). Ce que j’ai moins aimé, c’est qu'il a fallut que je crie pour avoir le silence.
Ce soir nous avons eu la messe en français! C'est chose désormais instituée pour tous les jeudi de chaque mois; seule l’homélie sera dite en portugais pour que tout le monde puissent suivre ! Ça faisait plusieurs mois que je n’avais pas eu la messe en français, et de surcroît aujourd’hui c’est l’anniversaire de Clémence ma petite sœur, je me suis donc sentie encore plus proche d’elle par la prière, une véritable joie pour moi!

Vendredi 8: Ce soir, après le diner, on m’a annoncé que je participerai à une représentation dans une école! Nous allons faire un spectacle devant une centaine d’enfant, style comédie musicale, le frère a réussi à me convaincre et donc je serais la fleur!! L'histoire reprend un peu la nouvelle de La Chèvre de M Seguin.

Samedi 9 et Dimanche 10: R.A.S, aucune péripétie particulière à vous raconter: ni coupure de d'électricité, ni d'oiseau ne sachant pas voler, ni de préoccupation au sujet des enfants... rien de rien!!

Lundi 10: Après-midi plage comme j’en rêvais depuis longtemps!!

Mardi 11: Jour des enfants! Ce matin, je me suis amusée à gonfler les ballons pour décorer la salle. Les enfants, les ados et les mamans sont arrivés vers 14H15, ils étaient une petite centaine! Chants, danses et jeux étaient au programme suivis du goûter hot-dog maison et gâteaux bien sûr!!!

Mercredi 12: Grand jour, ce matin il y avait la représentation (cf: vendredi 8!) devant un peu plus de 100 enfants: deux petites filles de six ans ont fait les fleurs avec moi, elles étaient trop choupettes!! Elles ont très vite compris l’histoire et finalement au moment de parler, ce sont ces deux enfants qui ont parler à ma place!! C’était très amusant!!
Pour le reste de la journée: Après-midi piscine avec les enfants, ils étaient ravis!!

Jeudi 13: Aujourd’hui nous fêtons la fête de la crèche Talita, cela fait sept ans qu’elle existe. Il y a eu une messe et un repas avec les enfants et les mamans qui était présentes, les ados sont également venues une journée, très sympa!
Ça y est la famille française est arrivée!! Les parents: Raphaëlle et Jean, et les trois enfants Mahaut, François et Roch vont rester pour deux ans de mission! Je trouve ça vraiment courageux et génial à la fois !

Vendredi 14 octobre: aujourd’hui c’est la Ste Aurélie!!
Ici elle n’est pas fêtée, tant pis! Je suis montée pour laver la piscine et la remplir pour cette après-midi. Elle doit faire 2m sur 1,50 m, ça ne fait pas grand chose mais les enfants étaient ravis de profiter encore de la piscine, sous un soleil de plomb! Nous en avons profitépour faire une « séance d'inspection » des cheveux, ongles, pieds et mains, bref la « check-list » totale!!
J’ai su ce soir que Daiane ne monterait maintenant que le mercredi après-midi à la crèche! Sr Joana, et Marianha remplaceront Daiane et Véréna… Je vais devoir m’habituer a une autre organisation! Elenita qui a été responsable du projet Béthanie de la crèche, des mamans et des ados, va reprendre ses responsabilités mais ne montera qu’à partir de février-mars pour la rentrée scolaire, le temps de tout remettre en place.
Après une semaine de fête de la crèche de Talita, je suis contente de pouvoir me poser. Je commence à lire « la femme ou le sacerdoce du cœur » de Jo Croissant, qui parle de la vocation de la femme dans son état de vie et en parallèle de l’homme. Je serais tentée de dévorer ce livre mais j’essaie de le méditer page par page!

Dimanche 16: Rien de spécial, hors mis qu’au moment où je voulais parler avec mes parents sur skype, l’électricité a coupé! C’est là qu’on apprends la patience ou bien qu’on voit la fatigue morale! De 16H30 à 21H30 il n’y a plus eu d'électricité. C’est épuisant, il est par moment bien difficile à vivre de se sentir seule et loin de son pays!
Ce soir, temps fraternel: nous étions tous réunis! Certains à la guitare, d’autres au chant, et le reste à la danse! Ça m’a rappelé mes soirées entres amis! Finalement à la fin de la soirée, je me suis retrouvée seule dans la chapelle, avec pas vraiment le moral. Une communautaire, Mariana, qui vient de revenir d’un an passé en Suisse est venue me parler. Je lui ai fait part de mon sentiment de solitude, elle m‘a proposé de sortir le lundi prochain ensemble et de changer mon jour de service.
Demain, c’est journée sabbatique! J’ai besoin d’acheter des jupes, car ayant pris plusieurs kilos, je suis vraiment serrée! Et avec la chaleur et la sueur je ne supporte plus! Les jeans c’est pareil! Mais comment ce n’est pas très recommandé de sortir seul...

Lundi 17 : Le moral n’est pas terrible ; je suis rapidement agacée, la patience n’est plus là ! Internet « plante » totalement donc je n’arrive pas à parler avec ma famille ! Après le diner, je suis allée parler à Sr Madalena. J’ai envie de sortir avec mes amis, ma solitude me pèse beaucoup. Elle m’a proposé de partir quelques jours me reposer, changer d’air, je pars donc mercredi à Point Cœur.











Grande nouvelle, Sr Térésa qui était partie en août revient passer une semaine pour prendre son visa permanent, c’était la fête à l’aéroport ! Il est vrai que sa présence me manque. Elle a apporté une valise pleine de cadeaux pour la crèche. Sarah qui durant l’été a travaillé comme jeune fille au paire ainsi que deux familles ont acheté feutres, crayons de couleur, assiettes en plastique, couverts…etc de quoi nous mettre la joie au cœur ! Nous étions ravis. L‘équipe Talita est allée prier devant la statue de St Joseph pour le remercier.
Après cela, Sr Térésa m’a donné deux lettres de Sarah et Bertyle avec un petit cadeau précieux pour les semaines avenir, j’étais très émue, je m’y attendais pas, c’était un peu Noël aujourd’hui, pour les enfants de la crèche et pour moi aussi ! ça tombait vraiment bien !

Mardi 19 : Je me décide à sortir seule pour aller acheter deux jupes. Comme je savais où je voulais les acheter et que je connais bien le quartier, j’ai fait vite ! Cette après-midi je suis montée à la crèche pour annoncer aux enfants que je reviendrai mardi prochain ! Les enfants étaient trop mignons, André m’a entouré de ces bras en me faisant plein de bisous et me disant de revenir très vite !.

Mercredi 20 : départ pour la Fazenda, Stéphanie accompagnée d'un jeune couple argentin est venue me chercher à l’arrêt de bus. Le jeune couple argentin vient d’avoir un bébé et la maman a eu des complications ; heureusement que Nicolas, son mari est médecin. Ils sont courageux d’accueillir un bébé en pleine mission et de choisir d'accoucher dans une maternité publique avec les soins à la brésilienne ! J’ai déjeuné avec le Père Arnaud, prêtre français que je connais depuis le mois de mars, nous avons eu un bon temps de partage. Et ensuite je suis allée dans la maison du couple français, Stéphanie et Luca ; encore un bon moment de partage sur nos missions respectives, nos joies et difficultés et surtout parler français fait du bien !

Jeudi 21 : Méditation du jour : « Il faut que notre amour rayonne sans limite » affirme la Reine Fabiola à l’occasion de ses soixante ans. « Je sais qu’en chacun de vous se cachent un mystère et un trésor que vous êtes appelés à découvrir … Découvrons d’abord ensemble ce trésor précieux entre tous, qui a la particularité étonnante et très rare de ne jamais s’épuiser. Il existe en chacun de nous une capacité illimitée d’aimer, de se réjouir, d’espérer. Cette capacité est une véritable puissance qui peut et doit grandir jusqu’à notre dernier souffle, à condition de l’utiliser et d’y puiser sans désemparer. Tous, nous pouvons faire l’expérience d’aimer. Cela ne doit pas s’adresser seulement à ceux qui nous donnent de la tendresse et de l’affection. Il faut que notre amour rayonne sans limite, qu’il se donne à chacun, quelque soit l'âge, la couleur de la peau, le milieu, la santé, qu’il soit sympathique ou non.
« Mais comment, me direz-vous peut-on aimer tout le monde de façon concrète et vraie ? Je crois qu’il y a mille manières d’aimer, et que plus nous découvrirons cet art merveilleux et essentiel, mieux nous comprendrons qu’aimer c’est servir, penser d’abord aux autres en oubliant ses propres peurs et partager sans cesse, donner de la joie. C’est une source inépuisable de vie que nous portons en nous, nous pouvons donner et recevoir, que nous soyons pauvres ou riches, jeunes ou âgés, bien-portants ou handicapés. Lorsque nous expérimentons cette force intérieure plus puissante que celle des armes et qui continuera après la mort, nous saisissons le sens de la vie. Le mystère en nous s’éclaircit peu à peu, et la joie nous envahit. »
Le texte parle de lui même, je n’ai pas de commentaire à faire, hormis que je partage totalement, que ça me touche profondément. Beaucoup de jeunes ne savent pas ce que sait qu'aimer et ce qu'est le véritable amour. Aujourd’hui le monde est à la recherche de son propre plaisir et désir mais on ne trouve pas le bonheur dans les choses éphémères de la vie mais dans le don de soi car aimer l’autre est un don de soi.
Ce soir tous les missionnaires de la Fazenda se retrouvent pour regarder un film « le temps d’un week-end » j’ai bien aimé le film, bien que je ne le conseillerai pas. Il est question d’une amitié entre un colonel devenu aveugle par la guerre et un jeune garçon. J’ai aimé voir ce colonel au demeurant très dur avec les personnes qui l’entourent, violent dans ses propos, se laisser aimer par ce jeune et changer par l’amour que lui porte ce jeune. Le jeune homme fait preuve de droiture, de moral et de courage.

Vendredi 22 : Sœur Laetitia, responsable de la Fazenda de Point Cœur m’a proposé de rester pour assister à la formation sur la vie communautaire, qui parlait de l’importance de l’amitié. C'était très intéressant. Ensuite nous avons partagé sur un texte qui parle du pardon et nous avons fini par échanger sur le film de la veille au soir.

Samedi 23 : je suis rentrée ce matin de la Fazenda à la Communauté. La famille française m’a proposé de venir avec eux à la plage ce qui m’a permis de mieux les connaître et de passer un moment familial.

Dimanche 24 : Cette après-midi, je suis allée avec quelques membres de la Communauté au rassemblement « Christ joven ». Nous sommes arrivés pour la marche contre la violence dans les rue de Salvador. Ensuite nous sommes rentrés et nous avons regardé un excellent film « invictus » à voir et à revoir pour tout public !

Lundi 25 : Comme je vais passer le week-end prochain à la plage, j’ai demandé à ne pas changer mon jour de service, je suis avec Sr Maria-Salomé, nous nous sommes bien organisées. Ce soir : diner dans la maison de la famille française, nous avons fini la soirée en regardant un diaporama sur la région de la Bahia, magnifique !

Mardi 26 : Tiago n’était pas là aujourd’hui. Adrian et ses sœurs m’ont dit qu’il était malade, qu’il avait mal à la colonne vertébrale. Ce soir, Sr Térésa est repartie avec son visa permanent en poche. Je suis triste de la voir de nouveau partir. Je l’ai accompagné à l’aéroport, cette fois-ci c’est la bonne je la reverrai en Suisse à mon retour…

Mercredi 27 : Avant le déjeuner, j’avais mal à l’estomac, je me suis quand même forcée à manger. Finalement j’ai demandé à sortir de table pour m’allonger car je ne me sentais vraiment pas bien ! Nous avions prévu de faire un foot avec les ados l'après midi mais aucune n'est venue, en même temps je ne me voyais pas courir après une balle avec mon mal d’estomac !

jeudi 28 : Ce matin, j’ai eu accompagnement . Cette après-midi, il y avait 6 enfants dans notre salle. A l’heure du goûter je suis partie avec Sr Joana pour visiter Tiago qui est malade, voilà trois jours qu’il ne vient pas ! Personne était chez lui, nous nous sommes rendues au poste de santé, il n’y était pas non plus ! en revenant vers la crèche nous sommes passées devant l’école. J’ai alors demandé à Sr Joana comment est l’intérieur. Alors nous sommes rentrées et à ma grande surprise, j’ai rencontré la directrice et la secrétaire nous a fait visiter. Il y a 5 classes, les peintures viennent d’être refaites, c’est propre, il y a juste le nécessaire dans les classes, c’est à dire un tableau et des chaises avec tablette en guise de table, et je ne me souviens pas avoir vu de table pour les profs. C’était amusant car plusieurs enfants me connaissaient. Nous avons fait le tour et nous sommes rentrées à la crèche. La mère de Maria-Edourda était là… elle avait bu ! je commence à connaître sa manière d’agir. Lorsqu’elle ne vient pas nous dire bonjour et qu’elle ne répond pas, c’est qu’elle a bu ! C’était dur de laisser sa fille partir avec elle !

vendredi 29 : cette prière de saint François résume bien la vocation de la femme appelée à mettre en œuvre la puissance de l’amour :
« O Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.
Là où est la haine, que je mette l’Amour.
Là où est l’offense, que je mette le Pardon.
Là où est la discorde, que je mette la Foi.
Là où est l’erreur, que je mette la Vérité.
Là où est le désespoir, que je mette l’Espérance.
Là où est la tristesse, que je mette la Joie.
Là où sont les ténèbres, que je mette la Lumière.
O Maitre, que je ne cherche pas tant :
A être consolé, qu’à consoler.
A être compris, qu’à comprendre.
A être aimé, qu’à aimer.

Car c’est en donnant que l’on reçoit.
C’est en pardonnant que l’on est pardonné.
C’est en mourant à soi-même que l’on renaît à la Vie Eternelle. »
Mon petit Tiago est de retour, mais je crois qu’il est pas encore très bien, j’étais trop contente de le voir. Aujourd’hui, nous avions rendez-vous sur skype avec Sarah, les enfants et les ados, ils ont chanté des chansons, parlé avec elle. J’imagine que Sarah devait être un peu nostalgique du Brésil.

Samedi 30 : Ce matin, j’ai reçu un appel d’une cousine qui vit depuis 30 ans au Brésil à Salvador et depuis 2 ans à Aracaju, un état à côté de Salvador, me proposant de se rencontrer. J’étais enchantée, nous avons déjeuné ensemble et papoté une partie de l’après-midi. Rencontrer à l’autre bout du monde, une petite cousine que je n’avais jamais vu, parler de la famille, de la foi, de nos vies était très fort, nous ne nous étions jamais rencontrées, jamais parlées mais quelque chose nous unie : la famille et la Foi.

Dimanche 31 : Aujourd’hui deuxième tour des élections Dilma et Serra, une qui est pour la législation de l’avortement qui n’a aucun passé politique juste l’appui du président Lula, et qui n’est pas pour les rassemblements catholiques, ou regroupements catholiques dans les rues … Serra a un passé politique pas très clean….

Départ avec Paula : un week-end à la plage ! avec deux autres amies Patricia et Maria-Clara nous avions rendez-vous entre 10H30-11H, je pars après la messe embêtée car j’avais déjà 30 minutes de retard j’avais oublié que la ponctualité ici est aussi rare que de manger des brocolis en légume et qu'un jour d’élection il y a beaucoup plus d’embouteillages ! Bref j’ai attendu 1H30, n’ayant pas de portable, trouver un téléphone est une mission quasi-impossible ! finalement j’ai retrouvé Paula puis à 14H nous avons retrouvé Patricia et Maria-Clara. Nous voilà donc partis pour un week-end de plage à la « praia de forte » nous avons passé le week-end dans une auberge.

vendredi 12 novembre 2010

septembre :

En ce premier jour de septembre, les ados n’étaient que deux ! Plus les semaines passent moins elles participent ! seraient elles touchées par une quelconque épidémie curieuse? je ne comprends pas cette démotivation ! Sr Marie-Laure est de retour au bout d’un mois d’absence. Elle était rentrée en Europe, faire le tour des autres maisons de la Communauté et je pense surtout pour voir le modérateur de la Communauté.

Jeudi 2 septembre, une après-midi sans problème. Nous avons eu quelques difficultés avec Mauricio 5 ans, c’est un garçon adorable ! rien que physiquement nous avons envie de lui faire des bisous et on sait qu’il n’a pas envie de nous décevoir. Certes il a quelques problèmes avec l’obéissance comme chaque enfant de la crèche mais il fait surtout de la sur-activité : il ne peut pas rester assis sur sa chaise 10 minutes. Il est obligé de se lever, de crier, d’embêter les autres mais je vois bien qu’il est différent ! les autres enfants ont la capacité de rester assis durant 1heure, lui non ! c’est impossible ! nous pouvons lui demander gentiment de rester assis ou nous fâcher, 2 minutes après il est de nouveau debout à faire ce qu’il a envie de faire ! c’est trop lui demander que de rester assis. Il est le premier à vouloir nous aider, à courir dans nos bras, je l’aime beaucoup mais je ne sais pas comment faire pour essayer de le canaliser ! Ce n’est pas tous les jours facile car parfois nous manquons de patience avec lui. Alors si certains ont des idées ou des conseils...

Vendredi 3 septembre, Talita n'accueille pas aujourd'hui.

Samedi à mardi : Sr Madalena, il y a quelques temps, m’avait proposé de suivre la retraite de guérison intérieure.
Chacun de nous a une histoire, plus ou moins facile, avec des joies, des peines, des blessures causées par des personnes quelles soient de notre entourage ou non. Ces blessures ont des répercussions sur notre façon de vivre et de nous comporter au moment présent et futur. Certaines de ces blessures peuvent être conscientes (10%) ou inconscientes (90%). Aujourd’hui nous mettons trop souvent un système en nous de refoulement, et de mode de contrôle de sécurité intérieure qui fait que nous pensons que nous n'avons aucun « problème » puis vient le jour où plus rien ne va et on se retrouve face à notre histoire à nos blessures passées accumulées que nous soyons catholiques ou non. L’être humain a été fait avec un cœur et une intelligence ! Parfois on peut aller voir un psy « se faire suivre » mais parfois rien ne fait car il y a des choses tellement profondes que seul Dieu peut venir nous guérir, Il nous connaît mieux que nous même car c’est Lui qui nous a créé. Peut être que certains se diront mais si on ne croit pas, comment fait-on ?! As tu déjà demandé à Dieu de se manifester à toi ? Es tu déjà rentré dans une église en disant « mon Dieu si c’est toi qui m’a créé et véritablement tu existes alors montre le moi ! » Je suis persuadée qu’Il te répondra car Il est ton Père dans les cieux, et quand un enfant demande à son Père de lui montrer qu’il l’aime en général il lui montre ; alors dis-toi que Dieu est bien plus qu’un père terrestre ! Alors reprenons, samedi soir je suis allée voir sr Madalena lui disant « écoutez ma sœur sincèrement je ne pense pas avoir besoin de faire cette retaite ! » Mais je lui dis « mais bon comme les enseignements sont intéressants j’aimerais continuer à assister aux enseignements », elle me dit « pas de problème ! » Vendredi soir c’était l’introduction, samedi, le thème portait sur « être fils ou fille de Dieu » parallèle entre notre Père du ciel et notre père terrestre, l’importance et la « fonction » du père. Le thème du dimanche matin portait sur la maternité, parallèle avec Marie la mère de Jésus, notre Mère du Ciel et notre mère terrestre, période durant la gestation, l’arrivée du nouveau né, les premières années, la fonction. L’après-midi était consacrée à « la grâce d’être homme et la grâce d’être une femme », le lundi était sur le pardon, don gratuit mais difficile à donner, être pardonné, pardonner et se pardonner sont trois choses différentes et complexes. Le pardon est primordial pour avancer dans la vie et l’après midi portait sur la généalogie familiale. Et dernier jour mardi matin : « choisir la vie » ! Cela vous paraît peut être un peu psycho, mais la sœur donnait des exemples de la vie quotidienne et chacun était rejoint par ce qu’elle disait.
mercredi 8 septembre : Aujourd’hui j’étais très fatiguée et en plus j’avais de très fortes douleurs musculaires dans le cou et je me suis demandée si j’allais pouvoir monter à la crèche. Le frère est venu annoncer aux enfants ses 10 jours d’absence. Sœur Paula viendra avec nous pendant cette période. Sœur Paula est restée avec moi, nous étions avec les moyens et les grands. Je pensais qu’elle allait exercer l’autorité mais non au contraire elle m’a laissé tout faire et lorsqu’il fallait prendre une décision elle me demandait. L'exercice de l'autorité est important pour moi et pour les enfants, j’apprends là aussi à avoir de l’autorité. J’ai beaucoup aimé encore cette après-midi même si ce fut difficile avec André un garçon de 5 ans qui est très très très capricieux, je l’ai sorti de la salle, j’ai parlé avec lui et puis je l’ai laissé. Peu après, il est revenu dans la salle, seul et a fait ce que je lui avais demandé. J’espère que sa période capricieuse va vite passer. Vu mon état de fatigue aujourd'hui, je ne pensais pas rester aussi patiente, comme quoi Dieu nous donne chaque jour un peu de ce que nous avons besoin. Je suis toujours gaga de voir les enfants jouer dans la salle de jeu, ils sont heureux, jouent ensemble, s’inventent un imaginaire parfois violent.

Jeudi 9 septembre : Après-midi épuisante, je suis restée seule avec les moyens, ils n’étaient que trois ! je pensais que tout se passerait sans problème mais j’avais oublié Mealane dont j’ai déjà parlé ! J'étais très triste car elle n’arrivait pas à faire son activité de mathématiques, je voulais l’aider mais dés que j’essayais et qu’elle faisait une erreur, elle se roulait par terre en s’énervant ! Ensuite elle n’a plus voulu continuer et a pincé et craché sur Carina puis a insulté la maman de William. Ici la loi c’est « œil pour œil, dent pour dent », elle s’est donc vite retrouvée prise par les coups et la vengeance de Carina et de William. Alors elle s’est mise à pleurer. En temps normal, j’ai horreur de voir les enfants pleurer mais avec les enfants d'ici c’est encore plus difficile pour moi ! mon cœur se tord en deux ! Ces pleurs n’étaient pas du caprice ou de la vengeance, c’était plus profond. Alors pourquoi va-t-elle chercher les enfants pour se faire taper ? Une manière de montrer qu’elle est là ? Que vit elle chez elle ? je n’en sais rien, mais vu son regard, sa manière de se comporter, de rejeter les personnes tout en se faisant remarquer pour être regarder ! qu’est ce que ça veux dire ? Depuis peu, je commence à dire à certains enfants que je les aime et qu’ils ont un Père et une Mère au ciel qui les aime, et je prie avec eux, du moins c’est moi qui prie à côté d’eux ! Dire je t’aime à quelqu’un n'est pas habituel pour moi, pas plus que d'appeler les enfants par des noms affectueux mais ici, les surnoms affectieux sont très répandus comme par exemple « tia », « ma chérie », « mon amour », mon cœur », « mon roi, ma reine, ma princesse, ma fleur » etc …
Je crois que nous avons autant à faire en psychologie qu’en soutien scolaire il y a du travail ! Aujourd’hui, lors de la messe j’étais frappée par le psaume et l’évangile. J'aime beaucoup le psaume 138 (139) ainsi que le psaume 22.
L’evangile selon St Luc 6.27-38 très intéressant : « Jésus déclarait à la foule : « Je vous le dis à vous qui m’écoutez : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. A celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre. A celui qui te prend ton manteau, laisse prendre aussi ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas à celui qui te vole. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pêcheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance pouvez vous attendre ? Même les pêcheurs en font autant. Si vous prêtez quand vous êtes sûrs qu’on vous rendra, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pêcheurs prêtent aux pêcheurs pour qu’on leur rende l’équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Dieu Très-haut, car Il est bon, Lui, pour les ingrats et les méchants.
Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et vous recevrez une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. »
Lorsque je lis ce passage, je réalise que j’ai pas mal de travail à faire sur moi, et en plus ce n’est pas un travail facile ! aimez ces ennemis : c’est beau de le dire mais après de le faire c’est plus compliqué… mais je vais tacher de faire des efforts concrets pour améliorer ce point là.

Vendredi 10 septembre : Un terrain de la communauté est loué à une personne pour qu’il puisse mettre ces bêtes, il y a un cheval, 2 vaches et il y avait une quinzaine de moutons. Pour aller à la crèche nous passons par ce terrain, depuis peu les moutons ne sont plus là, ils avaient la fâcheuse manie de venir dans la communauté, alors parfois durant la messe, ou le repas ou encore le matin à 6H on entendait bêler juste en dessous de nos fenêtres de chambre, ça m’étais un peu d’ambiance ! Cette après-midi, j’ai vu entrer la vache par le portail qui sépare la crèche et le terrain, la voyant arriver et sachant les enfants proches je me suis mise devant la vache à 2-3métres d’elle ! Je n’étais pas très rassurée, et elle a commencé à avancer vers moi ; c’est là que j’ai pris peur devant une énorme vache de plusieurs kilos suivie du cheval ! Conclusion : Nous avons passé la fin de l’après-midi à courir après les enfants pour qu’ils n’effrayent pas la vache mais avec leurs cris la vache est devenue hystérique ! tout le monde s’est enfermé dans les salles jusqu'à ce qu’elle retourne dans le terrain. Encore une journée mémorable ! Aujourd’hui nous avons regroupé tous les enfants et avons prié avec eux. Et ensuite on les a laissé jouer dans la salle de jeux. Ce n'était pas une très bonne idée, il aurait été préférable de les laisser dans le parc et d’autres au foot mais il pleuvait alors on a fait avec les moyens du bord ! c’est très intéressant de voir les enfants jouer ils révèlent à travers le jeu leur quotidien ; combien j’en ai vu se faire un pistolet et le coller sur la tempe d’un autre ! en général, nous ne les laissons pas faire. Les garçons peuvent jouer à autre chose qu'au « pan pan ».
Depuis le début de la journée je suis prise du nez et également de la gorge, ce soir les douleurs sont dans le cou et plus le soir avance plus les douleurs se font sentir des pied à la tête. Je crois que j’ai la grippe, avec une forte fièvre !

Samedi 11 septembre : Je suis fixée : j’ai bien la grippe avec les symptômes qui s’imposent ! Une journée pas très intéressante en perspective, moi qui voulais sortir changer d’air. Depuis mon retour de Rio, je n'ai pas quitté les murs de la communauté.

Dimanche 12 septembre : 2ème jour au lit ! heureusement j’avais apporté quelques médicaments ! Et visiblement les virus brésiliens n’ont pas l’habitude des médicaments européens. Ce soir je vais déjà beaucoup mieux.
Marcio est de retour ! il a passé 2 ans dans une maison de la communauté en Europe ! c’est la joie !


Mardi 14 septembre : Après-midi très difficile ! ils n’ont pas arrêté de se frapper, de s’insulter. Mealane et Ana Paula ont tiré les cheveux et frappé les autres enfants et ensuite elles sont allées se plaindre à leur mère. En réponse les mamans ont encouragé leurs enfants à faire de même « on t’a frappé alors fait de même » ! comment peut-on être crédible après à la crèche où nous leur apprenons le contraire ! imaginez les enfants… j’ai l’impression que nous pataugeons dans la semoule ! tout ce que l'on essaye de transmettre aux enfants à la crèche est réduit à néant dans leur retour chez eux.

Mercredi 15 septembre : Aujourd’hui, nous avons préparé le chant pour le retour des anciennes responsables de la crèche.
Messe : lecture magnifique et connue en général de tous, de St Paul Apôtre aux Corintiens 12, 31-13,13
« Frère, parmi les dons de Dieu, vous cherchez à obtenir ce qu’il y a de meilleur. Eh bien, je vais vous indiquer une voie supérieure à toutes les autres.
J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la Foi jusqu’à transporter les montagnes, qu’il me manque l’amour je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me brûler vif, s’il me manque l’amour, cela me sert à rien.
L’Amour prend patience : l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas ; ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien de malhonnête ; il ne cherche pas son intérêt il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout.
L’amour ne passera jamais. Un jour les prophéties disparaitront, le don des langues cessera, la connaissance que nous avons de Dieu disparaitra. En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel disparaitra. ? Quand j’étais enfants, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis homme, j’ai fais disparaître ce qui faisait de moi un enfant. Nous voyons actuellement une image obscure dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement ma connaissance est partielle mais ce jour là, je connaitrai vraiment, comme Dieu m’a connu. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. »
Ce texte est magnifique et en même temps après la lecture je ne peux que me regarder, regarder ma vie présente en essayant de faire de mon mieux pour aimer les personnes que je côtoie au quotidien, les enfants de la crèche, les personnes que je rencontre, ma famille, mes amis ici et en France. Essayer de faire un point en vérité sur soi pour les autres.

Jeudi 16 septembre : arrivée des filles du noviciat. Sr Johanna, Eliete qui prendra l’habit dans quelques semaines, Marianha et Elinita qui était en mission 1 an et demi en Suisse. Les enfants étaient ravis de les apercevoir et leur chanter ce qu’ils avaient travaillé la veille.

Samedi 17 : Nous avions décidé avec Paula de sortir. J’avais quelques achats à faire pour la vie de tous les jours ! ça fait du bien de sortir, découvrir des situations insolites, sentir les odeurs, prendre le bus, voir la mer, avoir l’impression qu’on est d’ici.

Dimanche 18 : Nous avons eu la messe à 11H30. Le neveu de Paula est né dans la nuit, j'ai donc accompagné Paula à la maternité. Trop mignon ! premier nourrisson brésilien que je vois et première maternité dans laquelle je rentre !

le soir après le diner nous avons eu un temps fraternel, génial ! Jeux de société, uno, petits chevaux, rumicube, jeux de dames, nous sommes couchés tard mais ça en valait la peine !

Lundi 19 : Elinita m’a proposé de passer la journée avec elle ! Super sympa ! j’ai rencontré une de ces sœurs. Elle m’a fait découvrir des quartiers de Salvador que je connaissais peu !
Le soir, une réunion de Talita était prévu pour partager sur les deux semaines passées en l’absence du frère. J’ai parlé de mon désir et mon incompréhension que l’équipe me mets de coté sur les décisions ou de ce qui se fait pour la crèche. Mon orgueil en a pris un coup ! aie aie ! ça fait mal ! je suis là pour aider dans un temps déterminé, je ne suis pas responsable.

Mardi 20 : Ce matin, je me suis réveillée encore énervée de la réunion de la veille mais je me suis rappelée de la petite Thérèse qui faisait des choses ordinaires avec un amour extraordinaire. En conclusion, il faut que je me concentre sur ce qu’on me donne à faire et le faire de mon mieux. et non pas sur ce que je voudrais faire.
22 enfants : je suis restée seule avec les petits, ils étaient 10 ! Mauricio était là ainsi qu’un autre garçon, André. Autant j’aime beaucoup Mauricio même si on a du mal à le canaliser autant André est pour moi plus difficile, il est capricieux et demande ou pas ce qu’il veut en multipliant les petits noms enjoleurs ! Par exemple : Oh ! Tia, eu te amo, por favor me dê um brinquedo » (oh ! tia, je t’aime, s’il te plait donne moi un jouet ) alors que c’est le moment de faire les devoirs ! Je préfère les enfants qui s’expriment d’une manière franche et directe. Deux françaises sont arrivées pour quelques jours. Après avoir donné 1 an à Point Cœur, l’une dans les quartiers pauvres de Roumanie proche de Bucarest et l’autre dans une favela de Salvador, elles repartent pour 1 an d’aventure ! Cette fois-ci pour faire le tour de l’Amérique latine, visiter des ONG, aller à la rencontre des personnes qui essaient de changer le monde à leur manière !! Un magnifique programme qui me parle beaucoup et me donne des envies dans 2 ou 3 ans…

Mercredi 21 : 7 enfants, j’avais espéré qu’il y en ait moins aujourd'hui car je ne me sentais pas la force physique pour en affronter 10 toute seule comme la veille ! Une après-midi horrible, je n’ai pas arrêté de crier et de courir après les uns et les autres. Bref André a réussi à jeter les tongs de Mauricio et de Tiago dans le champs d’à côté où l’herbe est assez haute, c’était la bagarre générale ! J’ai donc pris André et je l’ai laissé dans la salle avec le frère. Et ensuite c’était un peu plus calme !

Jeudi 22 : Ce matin en me levant j’étais encore plus épuisée qu’hier au soir en me couchant à 21H ! 15jours de fatigue intense, il faut que je me repose. C’est important pour limiter les répercutions sur les enfants ! Je suis tout de même montée laver les salles et préparée les activités. J'espérais que Véréna nous rejoindrait l'après midi. Le frère a dit aux enfants que j’étais malade et que s'ils criaient trop, j’allais tomber et mourir ! les pauvres choux, ils y ont cru alors ils étaient tout gentils ensuite lorsque Véréna est arrivée, le frère m’a proposé de partir me reposer. J’ai donc préparé le gouter puis je suis rentrée. En rentrant dans ma chambre, je me suis écroulée sur le lit et j’ai dormi 1 heure sans problème !

Vendredi 23 : Le printemps est là et la chaleur se fait sentir. Les enfants ont plus chaud et ont besoin de boire, bref j’ai passé l’après-midi de la salle à la cuisine, de la cuisine à la salle. Heureusement Daiane est restée avec moi. Nous avons passé l’après-midi à couper les ongles des pieds et des mains des enfants, ils en avaient bien besoin. Nous prévoyons de le faire plus souvent, et également de leur entretenir les cheveux.

Samedi 24 : Aujourd’hui c’est les 20 ans de la fondation de Point Cœur, il y avait une grande fête à la fazenda. J'ai retrouvé les habitués et j'ai fait la connaissance de nouveaux volontaires arrivés depuis peu ! de retour à la communauté, j’avais rendez-vous avec Sr Madalena pour l’accompagnement. J’ai pu lui faire part des différentes difficultés que j’avais eu avec les enfants ces dernières semaines. Puis, il y a eu les vêpres de la Résurrection, un temps de prière où l’on se remémore la joie de la Résurrection de Jésus Christ. Ensuite nous avons partagé un diner festif, un vrai diner, avec des plats que nous ne mangeons pas durant la semaine ! Eh oui ! Nous sommes dans la grâce de la Résurrection comme toujours après les vêpres du samedi. C'est la joie !

Dimanche 25 : La journée est passée très vite, nous avons eu la messe à 8H du matin ensuite le petite déjeuner. J’ai aidé à mettre la table, j’aime beaucoup ce service ! ça a pris pas mal de temps d'ailleurs ! Le soir, Soeur Claire est arrivée tout droit de Belgique pour un mois. Ma famille avait fait transférer en Belgique un paquet de livres pour moi, je suis heureuse, je vais pouvoir encore lire, lire, lire, lire !!!!!

Lundi 26 : Aujourd’hui journée de repos. Comme d’habitude j'en profite pour tout mettre à jour : lavage des vêtements, rédaction de l’article, réponse aux différents mails. J’ai commencé un nouveau livre sur Mére Téresa « une vie pour l’amour » . Ce soir Véréna m’a prévenu que demain elle resterait à l’université toute la journée donc je serais seule avec les petits !

Mardi 27 : Lorsque je suis arrivée cette après-midi dans la cuisine pour ranger le goûter, j’ai découvert avec surprise qu’il n’y avait plus de gazinière et le petit réfrigérateur avait disparu. Je suis donc sortie de la cuisine à la rencontre de Daiane pour lui partager ma surprise. A ce moment là, le frère est arrivé et m'a raconté que samedi, lorsque j’étais à la fazenda, il était monté à la crèche et avait trouvé une fenêtre de la cuisine ouverte ; le réfrigérateur avait disparu !! il est donc allé chercher de l'aide pour retirer la cuisinière de peur que les visiteurs ne reviennent la chercher. Alors que je commençais à préparer le goûter, j'ai constaté que les cuillères en plastique avaient aussi disparu ! Par contre, les biscuits et les assiettes étaient encore dans les placards ! ils n’ont pas dû prendre le temps d’ouvrir les armoires. Avant de monter à la crèche, j’avais pris un temps de prière dans la chapelle de la Vierge Marie pour qu’elle m’aide cette après-midi, qu’elle me donne la patience, l’écoute, l’autorité et l’amour, et qu’elle m’apprenne à éduquer ces enfants difficiles. André et Raphael n’étaient pas là, donc c’était plutôt calme ! Bien sûr il y a eu les indispensables bagarres et les lancés de crayons, et de tongs ! Ils étaient 8 sachant que Carolina et Mealane qui normalement sont avec Daiane ont préféré rester avec moi pour que je prenne le temps de leurs expliquer le devoir à faire !! Alors que Daiane n’en avait que 3… mais ça ne m’a pas dérangé ; parfois les enfants sont plus attentifs lorsque ils choisissent la Tia!

Mercredi 28 : Cette après-midi, je suis restée avec les ados filles, c’était chouette de les voir car depuis plusieurs jours, je n’étais pas avec elles. Le frère a accepté que je rester puisque soeur Joana m'a remplacé à la crèche. Quelques ados sont venus, nous avons fais un temps de lectio divina extrait du livre de l'Ecclésiastique 11.9-10 : « Réjouis- toi jeune homme, dans ta jeunesse. Sois heureux aux jours de ton adolescence, suis les voies de ton cœur et la vision de tes yeux, mais sache que sur tout cela Dieu te fera venir au jugement. Eloigne ton cœur le chagrin, écarte de ta chair la souffrance, mais la jeunesse et l’âge des cheveux noirs sont vanité »
Nous les avons laissé lire ce texte chacune de leur côté et nous leur avons posé trois questions :

Quel est le message de Dieu pour moi dans ce passage ?
Comment le mettre en pratique ?
Quelles sont les promesses de Dieu pour moi ?
Après nous avons pris un temps de partage et de réflexion avec elles, à partir de leurs réponses aux questions. Comme il restait du temps, nous avons joué au UNO. C’était une après-midi très sympa et beaucoup plus reposante qu'à la crêche. Au retour, après avoir pris ma douche froide, j’ai ressenti comme un manque, comme si j’avais oublié de faire quelque chose. Après un temps de réflexion, j'ai compris que c’était tout simplement les enfants que je n’avais pas vu aujourd’hui.

Jeudi 29 : Après-midi difficile mais j’étais contente de retrouver l’ambiance de la crèche qui m’avait manqué la veille au soir !

vendredi 8 octobre 2010

Mois aout

Mois d ‘Août

Vendredi 6 aout : retour à la communauté. Sr Thérésa est venue me chercher à l’aéroport. C’est bon de revenir « chez soi », de retrouver ses petites affaires et ses petites habitudes.

Samedi 7 aout : Aujourd’hui c’est l’anniversaire de mon frère et j’ai réussi à lui téléphoner, c’est un exploit pour moi ! En effet, j’ai des difficultés à être branché sur internet. J’essaie de m’organiser de mieux en mieux pour trouver des créneaux horaires qui conviennent pour être présente auprès de ma famille tout en étant de l’autre côté du monde ; et mes parents font aussi leur possible même si se n’est pas toujours facile ; j’aimerais parfois avoir plus de nouvelles les uns des autres. Paula m’a appelé de la maison de ses parents pour m’inviter à passer la journée de demain chez elle. C’est chouette, je suis contente de la revoir après deux semaines et demi sans se voir. On s’habitue à cohabiter dans la même chambre !

Dimanche 8 aout : Après la messe de 7H30 j’ai pris les bus pour retrouver Paula chez elle. Une belle journée ! j’ai rencontré sa famille (c’est la fête des pères ici). Ce temps chez elle et avec elle m’a permis de mieux la connaître et de découvrir son environnement et sa famille. C’est une véritable amie, elle est toujours prête à m’aider et à m’écouter. Rencontrer sa famille est également important pour moi.

Mardi 10 : Mon premier jour de reprise, les enfants étaient contents de me retrouver. Certains m'ont demandé si j’avais passé de bonnes vacances, et d’autres m’ont demandé où j’avais été. Reprise « calme » avec les enfants. A peine 5 jours que je suis de retour à la communauté, que les moustiques ont le plaisir de venir me piquer la nuit et de passer au dessus de mon oreille pour me saluer ! Depuis que je suis au Brésil, je ne me suis jamais donnée autant de claques la nuit ! Après avoir vu l’état de mes bras et de mes jambes, Sr Thérésa m’avait proposé en avril dernier et même encouragé à demander une moustiquaire, car j’étais un « cas » ! 4 mois après les jambes et les bras couverts de cicatrice je fais donc le pas pour demander à Sr Madalena si je peux avoir une moustiquaire et la réponse est positive ! Ouufff ! les moustiques, c’est bientôt fini ! et les claques aussi !!!

Mercredi 11 : Ce matin, il y avait la bénédiction de la maison de la famille ! La maison est finie, tout le monde est ravi, les jumelles dormiront ensemble, Tiago et Adrian dormiront également ensemble, l’ainée seule, et la maman seule aussi. C’est un luxe pour eux d’avoir un peu d’intimité ! L’après-midi, j’ai aidé un peu la famille pour le déménagement en portant des sacs de la crèche à leur maison. Je suis ravie qu’enfin ils retrouvent leurs marques, qu’ils aient une maison à eux, un lieu respectable et habitable ! je suis contente aussi car les matins où je montais à la crèche pour laver les salles étaient devenus pour moi un vrai combat avec les jumelles ; pour garder les salles propres, mais également pour garder le jardin de jeu propre sans détritus par terre ni vêtements suspendus au grillage pour sécher. La crèche commençait à ressembler à une déchèterie ou du moins à ressembler à la saleté des rues du capelao. Le frère m’a installé la moustiquaire, et cette nuit je vais enfin l'inaugurer, et ainsi pouvoir faire de bonnes nuits !


Jeudi 12 : Aujourd’hui au goûter, il y avait du jus de goyaba, des biscuits et de la « maria mole » je n'ai pas trouvé de traduction ! Représentez vous l’aspect de la mousse au chocolat en plus compact, blanc suivant la saveur et très sucré. Cela n’a pas fait l’unanimité pour les enfants mais plus d’une fois j’ai remarqué qu’au goûter il y a deux types d’enfants, ceux qui peuvent se permettre de ne pas aimer quelque chose mais demandent par exemple du jus et des biscuits en plus parce qu’ils ont encore faim ; et il y a ceux qui aiment tout et qui vont finir les plats des autres, ceux là ils ont vraiment faim et ne se font pas prier pour terminer leurs assiettes car ils ne sont pas certains de diner le soir ! Les autres n’ont pas forcement plus mais ils ont suffisamment pour se permettre de choisir. Ce même jour Rafael n'a pas fini son jus ni ses biscuits ; sa maman Rita qui vient très souvent nous aider gentiment à la crèche ou à la communauté, rentre dans la cuisine et décide de les terminer, elle me regarde en riant, « je vais le finir moi j’ai faim et je ne me prends pas pour une riche ! » A la communauté et lorsqu’il y a du passage pour les repas le mot d’ordre est lorsqu’on se sert, on mange tout ce qu’on s'est servi !

vendredi 13 août : Journée des étudiants, c’est férié !!! Pour la joie des enfants nous avons proposé un dessin-animé avec pop-corn. Une après-midi inhabituelle, les enfants étaient ravis !

samedi 14 : aujourd’hui c’est l’anniversaire de Sarah, une ancienne missionnaire. Je suis contente de pouvoir continuer de partager avec elle et avec Bertyle sur la mission. Mes échanges avec elles sont importants pour moi, elles sont bien les seules à bien comprendre ce que je vis, à pouvoir me donner des conseils adaptés ou me donner du courage car elles connaissent bien les joies et les difficultés de la mission.

dimanche 15 : La communauté était invitée au baptême d’un nourrisson de 3 mois. Le couple est ami de la communauté mais je n’avais eu qu’une fois l’occasion de les voir. Semble-t-il, il se souvenait plus de moi la française que moi je ne me souvenais d’eux ! Bref Sr Thérésa m’a proposé d’y aller, accompagnée de Jessilda, une communautaire et Paula. J’ai bien sûr accepté. Le baptême fut suivi d’un repas. Une journée familiale et conviviale !


A la communauté, je ne sais pas si je l’ai déjà dit, le dimanche après-midi est libre s'il n’y a pas de retraite ! souvent les uns et les autres se retrouvent pour faire un jeu de société par exemple, et le soir il est de coutume de regarder un film. je crois n’avoir jamais autant regardé de film romantique de ma vie depuis que je suis ici ! Après le film nous partageons sur l’histoire, ce que nous avons aimé ou pas. J’apprécie beaucoup ces temps fraternelles de détente, c’est important dans la vie de la communauté, c’est comme une vie de famille avec des moments de détente et d’échange après une semaine où chacun a son service ; même si nous nous retrouvons pour les temps de repas et de prière, ce n’est pas la même chose.

lundi 16 : Cette après-midi, en me dirigeant vers la laverie avec mes sacs remplis de linge de la semaine et en pensant aux 2heures que j’allais passer, Sr Madalena m’interpella et me demanda si je voulais utiliser la machine à laver le linge. Waouh bien sur que oui je veux ! Et voilà, ces 2heures à passer à laver mon linge serviront à autre chose !!!

mardi 17 : Aujourd’hui il fait froid, gris, humide, il pleut. J’ai eu la bonne idée de choisir ce jour là pour me laver les cheveux. Mais en descendant de la crèche après avoir lavé les salles, une pluie torrentielle et glaciale s'est abattue ! Une pluie telle qu'en 2 minutes j'étais trempée de la tête au pied et jusqu'aux os. Je n'avais plus qu’à me changer ! Et pourtant j’étais encore frigorifiée malgré les chaussettes, le pantalon, la polaire je n’ai réussi à me réchauffer qu’à partir de 15H de l’après-midi après un thé bouillant et blottie sous les couvertures. La prochaine fois je regarderai le temps avant de me laver les cheveux ! car ce n’est qu’à partir de 18h le soir qu’ils étaient secs ! J’ai tout de même aider à donner le goûter aux enfants. Puis, à 18H j’avais rendez-vous avec Sr Madalena pour mon deuxième temps d’accompagnement. J’ai beaucoup aimé. C’est une des seules personnes auprès de qui je réussis à me confier, à dire ce que je ressens sur la mission, sur ce que je vis ici. C’est pour moi très important aussi au niveau de ma foi, elle m’aide beaucoup. Elle est à l’écoute de ce que je désire changer, me donne aussi des conseils pour m’aider à évoluer dans ma foi et dans ma vie ici.

mercredi 18 : Les vacances de la communauté sont finies et tout le monde est de retour. Quel plaisir de voir de nouveau la maison remplit et revoir les visages reposés des uns et des autres ! En ce moment a lieu le rassemblement des jeunes catholiques à Paray le Monial, comme tous les étés, organisé par la communauté de l’Emmanuel. Ils sont plusieurs milliers à venir passer 5 jours pour prier, chanter, écouter et rencontrer Dieu. Et ce matin j'ai décidé de prendre mon carnet de chant de la communauté en pensant à tous ces jeunes qui se retrouvaient pour prier. J’ai commencé à chanter seule en lavant les salles de la crèche. J’ai expérimenté une joie et une force pour toute la journée et j’ai découvert une autre façon de laver les salles en chantant et dans la joie ! Aujourd’hui c’est le départ de sr Térésa, elle retourne passer un an ou plus dans une autre maison de la communauté en Europe. Je suis triste car j’ai eu de très bons échanges avec elle en français. Elle m’a beaucoup aidée lorsque je suis arrivée mais également lors du départ de Bertyle et Sarah. Elle m’a également aidée au niveau de la langue et aussi à mieux comprendre la culture brésilienne. Sa présence va beaucoup me manquer.

Avec les enfants de la crèche nous lui avons préparé une surprise, peinture sur les joues, des fleurs, ballons en main et une chanson pour l’heure de son départ. J'ai réussi à l’accompagner jusqu’à l’aéroport, nous étions 12 dans une voiture de 9 places . . . c’est assez courant ici mais c’est la première fois que je me retrouvais sur les genoux de quelqu'un !

jeudi 19 : Encore un matin où je suis montée avec mon carnet de chant en main pour laver les salles. Ce soir, Sophie, ma sœur qui vient de rentrer de Paray le Monial m’a envoyé les derniers chants de la communauté de l’Emmanuel, je vais pouvoir les écouter demain matin !

vendredi 20 : Aujourd’hui journée difficile ! Nous avons essayé avec Diane et Véréna de faire une heure de catéchisme. Les enfants n’arrêtaient pas de crier, de se frapper, bref insupportable ! à la fin j’ai même été obligée de ramener un garçon au portail avant la fin ; c’est la punition la plus efficace avec la suppression du goûter ; c’était pour moi la première fois que je décidais de ramener un jeune au portail de la crèche. Je suis restée très calme. Malgré les nombreux avertissements, il ne s’y attendait pas ! j’ai pris les clefs et je lui ai dit « allez Daniel maintenant on y va !», il fut pris au dépourvu. Les enfants se sont alors calmés ! mais quel dommage d’en arriver à renvoyer un enfant chez lui pour avoir un minimum de respect et d’obéissance. Je n’ai pas aimé voir sa tête de trois mètres de long en arrivant au portail en lui souhaitant un bon week-end. Lui m'a répondu par des insultes. Que dire ? il était énervé ! hé bien au moins il n’y a pas que le frère Jean-Paul qu'ils vont commencé à respecter !

samedi 21 : Depuis un moment, ma famille me manque, mais également les petites choses de la vie quotidienne qu’on ne réalise pas lorsqu’on les a. Tout ce qui me paraissait vain et sans valeur recommence à prendre un certain charme à mes yeux. Tout d’abord la douche chaude après une journée de pluie et d’humidité très importante, l’alimentation française : fromage, yaourt, thé, pain complet, légumes verts, viande saignante, poisson NON FRIT, charcuterie !
Mais je crois que le plus difficile pour moi c’est de ne plus parler ma langue maternelle le français ou de ne parler qu’une fois par semaine avec ma famille ou par écrit quand je rédige mes mails ou mes articles ! je vois bien même qu’il m’arrive de penser en portugais mais n’ayant pas tout le vocabulaire et n’ayant jamais reçu de cours, beaucoup de bases me manquent pour pouvoir m’exprimer correctement.
Aujourd’hui ma famille du côté de papa se réunit. Pour la deuxième fois, je ressens le désir d’être en France auprès de ceux que j’aime. Mais grâce à mon papa j’ai réussi à parler à de nombreuses personnes de ma famille et notamment à mon grand-père avec qui je n’ai aucun moyen de communication hormis la « poste » … Je prends vraiment conscience que c’est de l’autre côté du monde, en Amérique du sud que ma famille proche et éloignée a beaucoup d’importance pour moi.

dimanche 22 : Le Seigneur ne nous lâche pas et encore moins dans les moments difficiles ou lorsque Il nous voit triste ! Quelle surprise lorsque j’ai vu Noémie de fidesco (association créé par la communauté catholique de l’Emmanuel) française, de 19 ans, après mon petit déjeuner, en train de prier dans la chapelle ! Nous nous étions rencontrées aux Alagados en juillet lors de la messe des 20 ans de la paroisse. Nous avions beaucoup échangé et je l’avais invitée à venir découvrir la communauté du Verbe de Vie. Sa mission se termine dans 1 semaine, elle va rentrer en France. Elle a donné son été de vacances pour aider à l’alphabétisation des enfants dans un autre quartier de Salvador. Nous avons parlé une partie de la journée sans arrêter. A son retour en France, elle compte continuer sa mission, l’alphabétisation pour les émigrants avec les petites sœurs du Sacré Cœur à Nantes ! je trouve que c’est génial qu’elle est le désir de continuer sa mission en France même en ayant des études. J’espère pouvoir faire de même à mon retour. Cette rencontre, ce moment de partage fut un vrai cadeau pour moi ! Les petits rien, les rencontres me font découvrir ce qu'est l’essentiel pour ma vie.

lundi 23 août : Encore une heure que je passe à me laver les cheveux, passer la crème pour les cheveux et ensuite passer le peigne fin mèche par mèche. Je n’ai plus de poux ! Ouf ! mais étant donné que je suis tous les jours en contact avec les enfants je suis obligée de faire une inspection méticuleuse tous les week-end et passer le lisseur à cheveux après sur cheveux secs et ça va durer jusqu’à mon retour en France ! Les poux j’en ai eu mais j’en aurai plus, enfin j’espère !! Sr Madalena, mon petit ange gardien, vient de m’annoncer qu’elle va faire son possible pour que je puisse mettre mes vêtements dans les bassines et que je n’ai plus de vêtements à laver à la main !!!!! c’est vrai que si je n’ai plus à laver mon linge à la main, mes mains se porteront mieux, car je fais une réaction allergique et après 3 heures de lessive et une bonne nuit de sommeil, mes mains sont couvertes de bouton et sont à vifs ! étant donné que je fais les vaisselles à la crèche et que je m’occupe du goûter, la peau a du mal à cicatriser ! mais je sais qu’ici, avoir une machine à laver le linge est un luxe et qu’en général les personnes n’ont pas ce luxe pour se payer une machine et donc elles lavent le linge à la main ! Ma mission serait trop facile si elle s’arrêtait à passer 3 heures avec les enfants l’après-midi et que je ne vivais pas les difficultés de la vie ici. C’est certainement la raison pour laquelle je n'ai jamais trop parlé à la communauté de mes problèmes de peau.

mardi 24 : Grande nouvelle ! Plus de 6 mois que je suis ici pour la mission et j’ai reçu mon plus beau cadeau aujourd’hui ! Cette après-midi j’étais avec Daiane elle est avec les 7- 9 ans. C’était la première fois que je restais avec elle. Par ailleurs, une petite Mealane qui s’est attachée à moi, très vite à mon arrivée, voulait toujours rester avec moi ainsi que sa sœur plus jeune. Or depuis mon retour de Rio lorsqu’elle vient à la crèche, elle se dispute et frappe beaucoup les autres alors que ce n’était pas son habitude. Elle a un caractère doux et calme. Aujourd’hui donc en la voyant je suis allée lui dire bonjour en lui caressant gentiment le bras. Quelle fut ma surprise lorsque je l'entendis me répondre « ne me touche pas ». Je fus étonnée de sa réaction mais je n’y ai pas prêté plus attention me disant qu’il y avait du se passer quelque chose chez elle ou bien avec les autres enfants pour qu’elle se comporte ainsi. Puis lorsque je me suis retrouvée à côté d’elle pour le travail, elle a rejeté tout ce que je lui proposais de faire. J'ai donc essayé d’avoir une parole gentille, qui touche plus le cœur d’une petite fille que de crier et de perdre patience. A un moment elle est sortie, je suis donc sortis avec elle et lui ai demandé pourquoi elle était comme cela aujourd’hui, pourquoi elle était triste. Puis nous nous sommes assises et elle a commencé à pleurer dans mes bras sans rien dire, sans répondre à mes questions, puis après, elle s’est levée et elle est rentrée dans la salle et a commencé à faire ses activités. Je suis triste pour elle, j’espère qu’elle ira mieux demain. N’étant pas avec les petits, lorsque je les ai rencontrés à la sortie de leur salle, Adrien m’a sauté dans les bras pour me faire un gros bisou, je suis habituée, mais c’est une habitude dont je ne me lasse pas. Mais quelle ne fut pas ma surprise lorsque Tiago, le frère d’Adrien et des jumelles qui ont habité dans la classe de la crèche, m’a ouvert ses bras et m'a dit « Tia me amor ! » (tia est un petit nom affectif que les enfants donnent aux personnes qui prochent d'eux mais autres que la famille) c’était la première fois qu’il me disait cela et d’une telle sincérité que je fus toute émue ! Plus tard j'ai rencontré Vitor 3 ans que j’aime beaucoup aussi, et qui a commencé à me parler tout en revenant à la salle pour terminer son travail. Véréna m'a dit par la suite qu’il ne parle que de moi quand je ne suis pas là et qu’il n’obéit quasiment qu’à moi. Puis elle m’a avoué qu’elle n’aurait jamais pu passer autant de temps avec Mealane ; me disant également que j'avais beaucoup plus de patience qu'elle ! Ces trois choses qui peuvent paraître ridicule ont pour moi une importance énorme, mais pas très bon pour mon humilité! Combien de fois j’ai prié pour que Dieu m’apprenne tous les jours à mieux aimer ces enfants et grandir en patience, je vois que Dieu exauce mes prières et qu’Il est fidèle à la promesse de ne pas me laisser seule dans les difficultés ! je sais que j’ai encore beaucoup de chemin à faire et que je vais certainement pleurer plus d’une fois encore car la mission reste difficile mais ces cadeaux sont pour moi la preuve que je ne suis pas là en décoration et que j’ai bien ma place ici ! mais aussi que mes efforts, ma persévérance et mes prières ne sont pas veines car sans Dieu je ne pourrai rien et je ne serais pas ici ! Ces 6 mois ont été difficiles j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir ; si je suis encore là malgré les difficultés c’est parce que Dieu existe qu’Il est au milieu de nous et qu’Il me donne chaque jour la force de me lever le matin, et de continuer la mission !

mercredi 25 : cet après-midi, j’étais avec les ados, elles n’étaient pas nombreuses mais le nombre ne m’importe peu, si nous arrivons à faire quelque chose avec quelques unes. Ce n’est pas sûr qu’avec beaucoup nous arriverons à faire plus. Ce mois-ci nous prions pour les vocations et pour l’Eglise. Karen et Adriana avaient cherché des textes pour expliquer les trois vocations : le sacerdoce(prêtre), religieux, et le mariage. Je ne pensais pas qu’elles allaient les intéresser. Et bien j’étais surprise car les filles étaient très contentes de connaître un peu mieux chacune des vocations. Nous avons partagé et conclu que chaque vocation est un appel de Dieu, que Lui seul nous donne la Grâce de vivre pleinement sa vocation avec ses joies et ses difficultés, et que chacune est difficile à vivre ! Ce fut un temps de partage intéressant. Par contre, Karen et Adriana ont annoncé aux filles leur départ en Belgique pour deux ans à partir de décembre. Nous avons eu beau leur dire que la mission continuerait, que moi je serai encore là et que d’autres personnes prendront le relais, elles ont eu le sentiment qu’on les laissait. En fait, elles ont peur qu’on les abandonne et qu’il n’y ait plus de projet. Je comprends que ce ne soit pas facile à cet âge où l'on a besoin de repères. Elles ont besoin de personnes en qui elles peuvent faire confiance et avec qui elles peuvent parler, elles affectionnent beaucoup les missionnaires qui viennent ; le départ de Sarah et Bertyle fut très difficile pour elle et je vois aujourd’hui les répercussions sur le projet ados filles, qu’est ce qu’il en sera après le départ de Karen et Adriana ?
Pendant ce temps là, la mission auprès des enfants s'est révélée difficile. C’est la première fois que je vois Daiane aussi désespérée. Ce soir, le frère a demandé à toute la communauté que l’on prie spécialement pour l’équipe de Talita (nom de la crèche). Dieu nous aide dans nos difficultés quotidiennes mais ne nous les enlève pas ; lorsque Jésus a fait son chemin avec la croix sur le dos, il n’a pas demandé à Dieu, son Père du ciel de lui enlever la croix mais Dieu lui a donné Simon de Cyrène un homme qui revenait du champ pour l’aider, pour que sa croix soit moins lourde à porter ! c’est ainsi que je comprends mieux les difficultés que nous avons, sachant que la peine et la souffrance que nous avons pour certains enfants est dix fois supérieurs à celle de Dieu !

jeudi 26 : Le frère qui est responsable de la crèche est malade depuis 1 mois. Il ne se soigne pas sérieusement. Il tousse beaucoup mais ça ne l’empêche pas d’être toujours de bonne humeur et d’avoir le sourire et la joie au cœur ! cependant aujourd’hui il n’est vraiment pas bien et nous sommes obligés d’annuler la crèche. Véréna tout en habitant dans la communauté continue ses études pour être psycho-motricienne or elle doit travailler cette après-midi ; bref nous sommes que deux pour gérer tous les enfants, impossible ! Donc nous avons passé l’après-midi à regarder et vider les armoires pour voir le matériel que nous avons pour décorer la salle de Daiane qui est un peu vide !

vendredi 27 : vendredi jour de la passion du Christ. Je me demandais pourquoi la journée avait été aussi dure ! hé bien voilà ! j’ai la réponse ! si je regarde un peu en arrière, c’est souvent les vendredis qui sont les plus difficiles ! les enfants ont été intenables, je crois qu’on va arrêter de faire la catéchèse à l'ensemble du groupe car on passe toute l’après-midi à crier, à séparer les enfants et à dire : « stop, arrête, descend de là, viens ici, arrête de crier, écoute ! » bref super ! nous n’avons pas eu une seconde de silence de toute l’après-midi. Finalement le frère a décidé de renvoyer les enfants chez eux. A la fin nous nous sommes retrouvés tous les 4 épuisés, éreintés. Puis le frère nous a proposé de prier ensemble et nous avons partagé sur la mission, simplement les difficultés de chacun, nos lacunes, les points forts et surtout les points faibles de la mission, son objectif puis nous nous sommes demandés pardon pour ce que nous avions pu faire. Ce moment était important pour chacun d’entre nous, un cœur à cœur qui certainement sera source de grâces et de bénédictions et nous rendra plus fort, du moins je l’espère, et puis le Seigneur est miséricordieux, il nous aidera ! « Talita, leventa-te », « jeune fille léve-toi » est le nom de la crèche ! Enfant lève toi, nous voulons que ta crèche soit un lieu de paix, d’amour, et de vie et non un lieu de cries ! bientôt les communautaires qui ont ouvert la crèche vont revenir en septembre, nous allons être plus nombreux, nous allons pouvoir mieux nous organiser, revoir les objectifs et la pédagogie qui étaient en place au commencement ! Ce soir je suis épuisée, j’ai le cœur triste, car ces enfants je les aime, j’apprends à les aimer tous les jours un peu plus ! mais c’est difficile de porter la croix de la mission.

samedi 28 : Aujourd’hui c’est la fête de Saint Augustin « Aime et fais ce que tu veux » disait-il. Cette phrase m’a toujours laissé perplexe, j’ai beau chercher la profondeur, le parallèle entre « aimer » « et » « fais ce que tu veux » mais je n’y arrive pas. J’en ai un peu parlé avec Paula mais ce qu’elle a pu me dire ne m’a pas aidé. Car si en aimant et en apprenant tous les jours plus à aimer, on se sent plus libre pour autant on ne peut faire ce qu’on veut ! De quoi parle t-il donc en disant « et fais ce que tu veux » ? Je crois que je vais prier St augustin pour qu’il m’éclaire un peu sur cette phrase. Les textes de la messe de saint Augustin sont magnifiques surtout la première lecture tirée de l'épitre de St jean chapitre 4.7-16.

« Mes bien-aimés, aimons nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu, et ils connaissent Dieu. Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour. Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous ; Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici à quoi se reconnait l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés et il a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés. Mes bien-aimés, puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et son amour atteint en nous sa perfection. Nous reconnaissons que nous demeurons en lui et lui en nous, à ce qu‘il nous donne part à son Esprit. Et nous qui avons vu, nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. Et nous, dans la Foi, nous avons reconnu, présent parmi nous, l’amour de Dieu. Dieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu en Lui. »
Je ne me lasse pas de lire et relire ce passage de la bible car il explique qui est Dieu, la profondeur de Dieu, sa bonté pour nous et surtout son amour. C’est ainsi que je comprends pour quoi je suis faite. Alors bien sûr il ne faut pas lire d’une traite ce passage mais le lire phrase par phrase pour en méditer toute la profondeur, lire et relire et comprendre l’ensemble.

dimanche 29 : En octobre il y aura les élections présidentielles ! Étant donné que j’aime la politique, je ne peux que m’intéresser à la politique brésilienne qui est différente sur bien des aspects à la politique française ! Malheureusement je manque beaucoup d’informations pour avoir une idée précise sur les personnes qui se présentent pour les présidentiels. C’est un sujet très tendance en ce moment il est rare qu’il ne soit pas évoqué lors des différents repas de la journée. Les catholiques sont face à un réel problème de conscience car la plupart des personnes qui se présentent sont en faveur de la mort, pour la législation de l’avortement, et les autres qui ne parlent pas de la législation sont pour l’institution du mariage homosexuel ! Alors la question est pour qui voter ? Le moins pire disent certains mais qu’est ce que le moins pire ? Même si pour ma part je constate que le président ne pèse pas lourd au niveau de la politique nationale car les régions et les députés ont un impacte bien supérieur ; le président reste un petit pantin ! De plus l’économie est gérée essentiellement par des entreprises privées qui ne favorisent pas le développement du pays. Elles agissent exclusivement par intérêt propre. Quel dommage car le Brésil est riche en ressources naturelles mais tellement exploitées que les brésiliens ne touchent rien. Mais encore, l’éducation est faite au minimum, en effet, plus les personnes reçoivent une éducation, plus ils réfléchissent et plus ils sont aptes à se rebeller Bref ça ne serait pas profitable pour les personnes qui vivent de la misère des pauvres ! Il est vrai depuis que le président Lula est au pouvoir, il y a eu du changement, avec quelques améliorations notamment la bourse scolaire ! c’est bien, c’est bien… mais elle est tellement mal gérée que ceux qui la reçoivent n'en ont pas forcement besoin et si les personnes qui la touchent en ont vraiment besoin ils utilisent souvent l’argent pour autre chose… c’est vrai que des choses sont faites mais sont tellement mal organisées et mal gérées que cela ne sert finalement à rien !
L’autre jour lors du diner, quelqu’un me faisait remarquer qu'à la fin de l’année toutes les maisons qui servent de restaurant ou de brasserie sur la plage, seront fermées. En effet, le préfet de Salvador a demandé que les plages soient nettoyées des baraquas ! point positif : les gens n'auront plus à dépenser leur argent pour manger, avoir une chaise et un parasol ! Le point négatif : c’est que lorsqu’il n’y a pas grand monde, il n'y a donc pas de surveillance et le nombre de vols et d'agressions augmentent ! De plus, sans ombre l’été, il est impossible de rester 3h sur la plage ! Et c'était bon pour le tourisme ! Et je rajouterai qu'il y a bien des choses plus importantes à faire que de dépenser de l’argent à déblayer les plages des baraquas traditionnels de Salvador ! certes c’est un détail mais très significatif du Brésil !
L’autre jour, encore je rencontrai une personne qui avait rendez vous à l’hôpital car dans une semaine elle subit une chirurgie importante. Je lui demande comment c’est passé le rendez vous et me répond « les médecins sont en grève, je saurai la veille de la chirurgie si on m’opère ou pas ! »
Encore autre chose, il y a 15 jours, j’allais au centre de soin du Capelao avec Daiane qui s’était fait mal au pied. La personne qui nous a reçues a un diplôme d’infirmier d’une université publique, je suppose. Une personne avec une bonne formation secouriste et une bonne expérience sur le terrain en France vaut certainement mieux qu’un diplôme d’infirmier ici ! Bien qu'ayant peu d’expérience dans le milieu paramédical, je sais que la première étape à suivre avant de démarrer un soin est de mettre des gants ! Au bout de deux minutes de marche le bandage était défait ! c’est alors que j’ai dit à Daiane que j’allais lui refaire son pansement en lui donnant quelques indications pratiques pour permettre une cicatrisation plus rapide et éviter l’infection ! J'imagine que le diplôme français d’infirmier doit être équivalent (en compétence) de médecin ici avec un meilleur salaire et une meilleure vie! Ça a de quoi en faire réfléchir plus d’un …
Durant mon séjour à Rio, j’ai rencontré un étudiant en médecine en école privée, je ne m’attendais pas à le voir du week-end. Or j’étais surprise qu'il passe autant de temps à regarder la télé et à parler avec moi ! Pourtant, il semble être un élève sérieux. Certains me diront peut être de ne pas comparer mais je connais le rythme des études de mes ami(e)s qui sont en école supérieure ou en médecine en France ! en général ils n'ont guère de temps pour regarder la télé ou pour sortir !
Pour finir le Brésil vous le savez tous est un pays de corruption qui n’aide pas à l’évolution du pays. Certains pensent que la coupe du monde de foot en 2014 va apporter un changement, je l’espère mais je crains que la population ne voit pas beaucoup de changement hormis un stade tout neuf et le métro qui après 10 ans de travaux sera enfin mis en circulation ! Dans la région de Bahia il existe encore beaucoup de lieu sans eau courante et sans gaz ni électricité. Les gens vont au puits chercher et cuisine au feu de bois !

lundi 30 : Aujourd’hui j’ai passé 1H30 à laver mes vêtements à la main. En effet, je ne mets pas tout à laver à la machine car elle abime beaucoup les vêtements. En revenant de la laverie, je suis passée derrière la maison qui donne sur les fenêtres des chambres. Quand au loin à proximité du mur qui sépare le quartier de la communauté, j'ai vu dans les arbres 6 ados courant, criant. Probablement qu'ils ne savent pas que c’est un endroit qui résonne beaucoup. C’est dans ce lieu qu'il y a eu le feu en février ou mars dernier. Je comprends maintenant pourquoi nous devons fermer toutes les fenêtres dès que nous quittons nos chambres et fermer tout à clefs systématiquement ! Les visiteurs sont fréquents !

mardi 31 : le temps passe très vite, l’hiver brésilien commence à faire place au printemps. Même si l’hiver brésilien ressemble à un été français avec un taux d’humidité beaucoup plus élevé bien sûr qu’en France, nous avons des journées de pluie torrentielle avec une température qui se rapproche de 20°. Dans quelques semaines, je pourrai de nouveau prendre la route de la plage que j’ai quittée en juillet ! ;) je reconnais qu’il fait bon de vivre avec le soleil et la chaleur, un peu moins avec les moustiques mais on s’y fait ! Donc aujourd'hui 31 août, l'après-midi fut plutôt calme avec 18 enfants. Malheureusement Véréna a été retenue à son lieu de stage, elle n’est donc pas montée à la crèche. Ce fut plus intense pour moi car j’ai fait de nombreux aller-retour entre la grande salle avec les grands et la petite où Daiane s'occupait des petits et des moyens, puis le portail et la cuisine. Bref j’ai couru de droite à gauche durant toute l’après-midi ! c’est pas mal de faire un peu de sport ! Avant d’accueillir les enfants, j’ai proposé à Daiane et au frère de prier pour confier cet après-midi et je crois que nous devrions le faire plus souvent !
J’ai aidé une fille de 9 ans à faire ses multiplications, et j'ai découvert avec étonnement qu’elle passait du 39 au 50 ! elle ne savait pas non plus écrire les nombres que je lui dictais ! Nous avons constaté également qu’elle ne savait quasiment pas écrire et lire encore moins ! Il y a des enfants de 8 ans à la crèche qui ne savent pas reconnaître ni écrire les lettres. C’est impressionnant ! J’ai mené une activité d’alphabétisation avec un garçon de 11 ans pour qu'il apprenne à écrire l’alphabet en majuscule et en minuscule. C’est vrai qu’en général les mamans non plus ne savent ni lire ni écrire.

En priant devant le Saint Sacrement je demandais à Dieu une explication sur la phrase de St Augustin qui me laissait encore perplexe. Ma pensée continua sur ce que j’avais écrit samedi. Puis je conclus qu’il fallait que je regarde dans le catéchisme de l’église catholique. En revenant à ma chambre j’ouvre le catéchisme et je tombe sur le prologue 1 La vie de l’homme – « connaître et aimer Dieu ». Je commence à lire et constate que c’est exactement ce que dit St jean dans la Parole de Dieu mais écrit d’une autre manière et finalement ce que je sais déjà. Et mes pensées vagabondent... je me rappelle alors que j’ai dans mes affaires l’encyclique « Dieu est amour » écrit par Benoit XVI en 2005 et que je n’ai pas encore lu ! C’est ainsi qu’en tournant les pages je tombe sur « Amour de Dieu et amour du prochain ». On rencontre Dieu dans l’autre dans son prochain, c’est aimant l’autre qu’on aime Dieu et qu’on rencontre Dieu. Si l’amour est agapé, en aimant l’autre on voudra son bonheur alors on fera tout ce qu’il veut pour son épanouissement. Plus on aime plus on a le désir d’aimer. Voilà c’est cela « aime et fait ce que tu veux » conclusion : plus tu aimes ton prochain, plus tu veux le voir heureux, plus tu fais tout ce qu’il veux pour le bonheur de ton prochain, car cela te rends heureux de le voir heureux. Je crois être plus satisfaite car ce « et fais ce que tu veux » ne me donnait pas satisfaction. En effet, je trouvais cela très égoïste de dire à partir du moment où l'on aime on fait ce que l'on veux ! en fait ça va beaucoup plus loin ... Qu’est que ce que l’amour ? qu’est ce qu’aimer en vérité ? et qu’est ce qui en découle ? une partie des réponses se trouve dans le texte de St Jean que j’ai écrit samedi. Je crois qu'en ce 31 aout je vais rester sur ces méditations.

Bilan des 6-7 mois : J’arrive déjà à une période de bilan des premiers mois ! Que de joies et de découvertes ! Avec un peu de recul, je peux tracer un graphique très clair sur ces mois. Les deux premiers mois avec Sarah et Bertyle ont été la joie de la découverte. Ensuite je me suis vite retrouvée seule, les difficultés avec la langue et avec la communauté se sont faits ressentir et déjà fin avril je revenais en France 3 semaines pour repartir avec mon visa d’1 an. De retour fin mai, j’ai vite repris le rythme de la mission tout en constatant les difficultés et mes limites.
Juin- Jusqu’à mon départ à Rio, ce fut la période la plus difficile au niveau de la mission. J'avais l’impression de ne pas avancer, faire tous les jours la même chose me pesait, j'avais des difficultés à me lever le matin et je vivais difficilement la solitude. Depuis Rio, je suis passée de la mort à la vie ! il était temps que Jésus vienne me retrouver dans ma solitude et ma faiblesse. Aujourd’hui malgré les difficultés quotidiennes, les hauts et les bas, je vois la mission sous un autre angle. J’ai le cœur plein de joie et une qui ne tarie pas, depuis Rio. Et j’espère que ça va durer encore très longtemps ! Je suis plus que convaincue que Dieu est présent dans ma vie !