vendredi 8 octobre 2010

Mois aout

Mois d ‘Août

Vendredi 6 aout : retour à la communauté. Sr Thérésa est venue me chercher à l’aéroport. C’est bon de revenir « chez soi », de retrouver ses petites affaires et ses petites habitudes.

Samedi 7 aout : Aujourd’hui c’est l’anniversaire de mon frère et j’ai réussi à lui téléphoner, c’est un exploit pour moi ! En effet, j’ai des difficultés à être branché sur internet. J’essaie de m’organiser de mieux en mieux pour trouver des créneaux horaires qui conviennent pour être présente auprès de ma famille tout en étant de l’autre côté du monde ; et mes parents font aussi leur possible même si se n’est pas toujours facile ; j’aimerais parfois avoir plus de nouvelles les uns des autres. Paula m’a appelé de la maison de ses parents pour m’inviter à passer la journée de demain chez elle. C’est chouette, je suis contente de la revoir après deux semaines et demi sans se voir. On s’habitue à cohabiter dans la même chambre !

Dimanche 8 aout : Après la messe de 7H30 j’ai pris les bus pour retrouver Paula chez elle. Une belle journée ! j’ai rencontré sa famille (c’est la fête des pères ici). Ce temps chez elle et avec elle m’a permis de mieux la connaître et de découvrir son environnement et sa famille. C’est une véritable amie, elle est toujours prête à m’aider et à m’écouter. Rencontrer sa famille est également important pour moi.

Mardi 10 : Mon premier jour de reprise, les enfants étaient contents de me retrouver. Certains m'ont demandé si j’avais passé de bonnes vacances, et d’autres m’ont demandé où j’avais été. Reprise « calme » avec les enfants. A peine 5 jours que je suis de retour à la communauté, que les moustiques ont le plaisir de venir me piquer la nuit et de passer au dessus de mon oreille pour me saluer ! Depuis que je suis au Brésil, je ne me suis jamais donnée autant de claques la nuit ! Après avoir vu l’état de mes bras et de mes jambes, Sr Thérésa m’avait proposé en avril dernier et même encouragé à demander une moustiquaire, car j’étais un « cas » ! 4 mois après les jambes et les bras couverts de cicatrice je fais donc le pas pour demander à Sr Madalena si je peux avoir une moustiquaire et la réponse est positive ! Ouufff ! les moustiques, c’est bientôt fini ! et les claques aussi !!!

Mercredi 11 : Ce matin, il y avait la bénédiction de la maison de la famille ! La maison est finie, tout le monde est ravi, les jumelles dormiront ensemble, Tiago et Adrian dormiront également ensemble, l’ainée seule, et la maman seule aussi. C’est un luxe pour eux d’avoir un peu d’intimité ! L’après-midi, j’ai aidé un peu la famille pour le déménagement en portant des sacs de la crèche à leur maison. Je suis ravie qu’enfin ils retrouvent leurs marques, qu’ils aient une maison à eux, un lieu respectable et habitable ! je suis contente aussi car les matins où je montais à la crèche pour laver les salles étaient devenus pour moi un vrai combat avec les jumelles ; pour garder les salles propres, mais également pour garder le jardin de jeu propre sans détritus par terre ni vêtements suspendus au grillage pour sécher. La crèche commençait à ressembler à une déchèterie ou du moins à ressembler à la saleté des rues du capelao. Le frère m’a installé la moustiquaire, et cette nuit je vais enfin l'inaugurer, et ainsi pouvoir faire de bonnes nuits !


Jeudi 12 : Aujourd’hui au goûter, il y avait du jus de goyaba, des biscuits et de la « maria mole » je n'ai pas trouvé de traduction ! Représentez vous l’aspect de la mousse au chocolat en plus compact, blanc suivant la saveur et très sucré. Cela n’a pas fait l’unanimité pour les enfants mais plus d’une fois j’ai remarqué qu’au goûter il y a deux types d’enfants, ceux qui peuvent se permettre de ne pas aimer quelque chose mais demandent par exemple du jus et des biscuits en plus parce qu’ils ont encore faim ; et il y a ceux qui aiment tout et qui vont finir les plats des autres, ceux là ils ont vraiment faim et ne se font pas prier pour terminer leurs assiettes car ils ne sont pas certains de diner le soir ! Les autres n’ont pas forcement plus mais ils ont suffisamment pour se permettre de choisir. Ce même jour Rafael n'a pas fini son jus ni ses biscuits ; sa maman Rita qui vient très souvent nous aider gentiment à la crèche ou à la communauté, rentre dans la cuisine et décide de les terminer, elle me regarde en riant, « je vais le finir moi j’ai faim et je ne me prends pas pour une riche ! » A la communauté et lorsqu’il y a du passage pour les repas le mot d’ordre est lorsqu’on se sert, on mange tout ce qu’on s'est servi !

vendredi 13 août : Journée des étudiants, c’est férié !!! Pour la joie des enfants nous avons proposé un dessin-animé avec pop-corn. Une après-midi inhabituelle, les enfants étaient ravis !

samedi 14 : aujourd’hui c’est l’anniversaire de Sarah, une ancienne missionnaire. Je suis contente de pouvoir continuer de partager avec elle et avec Bertyle sur la mission. Mes échanges avec elles sont importants pour moi, elles sont bien les seules à bien comprendre ce que je vis, à pouvoir me donner des conseils adaptés ou me donner du courage car elles connaissent bien les joies et les difficultés de la mission.

dimanche 15 : La communauté était invitée au baptême d’un nourrisson de 3 mois. Le couple est ami de la communauté mais je n’avais eu qu’une fois l’occasion de les voir. Semble-t-il, il se souvenait plus de moi la française que moi je ne me souvenais d’eux ! Bref Sr Thérésa m’a proposé d’y aller, accompagnée de Jessilda, une communautaire et Paula. J’ai bien sûr accepté. Le baptême fut suivi d’un repas. Une journée familiale et conviviale !


A la communauté, je ne sais pas si je l’ai déjà dit, le dimanche après-midi est libre s'il n’y a pas de retraite ! souvent les uns et les autres se retrouvent pour faire un jeu de société par exemple, et le soir il est de coutume de regarder un film. je crois n’avoir jamais autant regardé de film romantique de ma vie depuis que je suis ici ! Après le film nous partageons sur l’histoire, ce que nous avons aimé ou pas. J’apprécie beaucoup ces temps fraternelles de détente, c’est important dans la vie de la communauté, c’est comme une vie de famille avec des moments de détente et d’échange après une semaine où chacun a son service ; même si nous nous retrouvons pour les temps de repas et de prière, ce n’est pas la même chose.

lundi 16 : Cette après-midi, en me dirigeant vers la laverie avec mes sacs remplis de linge de la semaine et en pensant aux 2heures que j’allais passer, Sr Madalena m’interpella et me demanda si je voulais utiliser la machine à laver le linge. Waouh bien sur que oui je veux ! Et voilà, ces 2heures à passer à laver mon linge serviront à autre chose !!!

mardi 17 : Aujourd’hui il fait froid, gris, humide, il pleut. J’ai eu la bonne idée de choisir ce jour là pour me laver les cheveux. Mais en descendant de la crèche après avoir lavé les salles, une pluie torrentielle et glaciale s'est abattue ! Une pluie telle qu'en 2 minutes j'étais trempée de la tête au pied et jusqu'aux os. Je n'avais plus qu’à me changer ! Et pourtant j’étais encore frigorifiée malgré les chaussettes, le pantalon, la polaire je n’ai réussi à me réchauffer qu’à partir de 15H de l’après-midi après un thé bouillant et blottie sous les couvertures. La prochaine fois je regarderai le temps avant de me laver les cheveux ! car ce n’est qu’à partir de 18h le soir qu’ils étaient secs ! J’ai tout de même aider à donner le goûter aux enfants. Puis, à 18H j’avais rendez-vous avec Sr Madalena pour mon deuxième temps d’accompagnement. J’ai beaucoup aimé. C’est une des seules personnes auprès de qui je réussis à me confier, à dire ce que je ressens sur la mission, sur ce que je vis ici. C’est pour moi très important aussi au niveau de ma foi, elle m’aide beaucoup. Elle est à l’écoute de ce que je désire changer, me donne aussi des conseils pour m’aider à évoluer dans ma foi et dans ma vie ici.

mercredi 18 : Les vacances de la communauté sont finies et tout le monde est de retour. Quel plaisir de voir de nouveau la maison remplit et revoir les visages reposés des uns et des autres ! En ce moment a lieu le rassemblement des jeunes catholiques à Paray le Monial, comme tous les étés, organisé par la communauté de l’Emmanuel. Ils sont plusieurs milliers à venir passer 5 jours pour prier, chanter, écouter et rencontrer Dieu. Et ce matin j'ai décidé de prendre mon carnet de chant de la communauté en pensant à tous ces jeunes qui se retrouvaient pour prier. J’ai commencé à chanter seule en lavant les salles de la crèche. J’ai expérimenté une joie et une force pour toute la journée et j’ai découvert une autre façon de laver les salles en chantant et dans la joie ! Aujourd’hui c’est le départ de sr Térésa, elle retourne passer un an ou plus dans une autre maison de la communauté en Europe. Je suis triste car j’ai eu de très bons échanges avec elle en français. Elle m’a beaucoup aidée lorsque je suis arrivée mais également lors du départ de Bertyle et Sarah. Elle m’a également aidée au niveau de la langue et aussi à mieux comprendre la culture brésilienne. Sa présence va beaucoup me manquer.

Avec les enfants de la crèche nous lui avons préparé une surprise, peinture sur les joues, des fleurs, ballons en main et une chanson pour l’heure de son départ. J'ai réussi à l’accompagner jusqu’à l’aéroport, nous étions 12 dans une voiture de 9 places . . . c’est assez courant ici mais c’est la première fois que je me retrouvais sur les genoux de quelqu'un !

jeudi 19 : Encore un matin où je suis montée avec mon carnet de chant en main pour laver les salles. Ce soir, Sophie, ma sœur qui vient de rentrer de Paray le Monial m’a envoyé les derniers chants de la communauté de l’Emmanuel, je vais pouvoir les écouter demain matin !

vendredi 20 : Aujourd’hui journée difficile ! Nous avons essayé avec Diane et Véréna de faire une heure de catéchisme. Les enfants n’arrêtaient pas de crier, de se frapper, bref insupportable ! à la fin j’ai même été obligée de ramener un garçon au portail avant la fin ; c’est la punition la plus efficace avec la suppression du goûter ; c’était pour moi la première fois que je décidais de ramener un jeune au portail de la crèche. Je suis restée très calme. Malgré les nombreux avertissements, il ne s’y attendait pas ! j’ai pris les clefs et je lui ai dit « allez Daniel maintenant on y va !», il fut pris au dépourvu. Les enfants se sont alors calmés ! mais quel dommage d’en arriver à renvoyer un enfant chez lui pour avoir un minimum de respect et d’obéissance. Je n’ai pas aimé voir sa tête de trois mètres de long en arrivant au portail en lui souhaitant un bon week-end. Lui m'a répondu par des insultes. Que dire ? il était énervé ! hé bien au moins il n’y a pas que le frère Jean-Paul qu'ils vont commencé à respecter !

samedi 21 : Depuis un moment, ma famille me manque, mais également les petites choses de la vie quotidienne qu’on ne réalise pas lorsqu’on les a. Tout ce qui me paraissait vain et sans valeur recommence à prendre un certain charme à mes yeux. Tout d’abord la douche chaude après une journée de pluie et d’humidité très importante, l’alimentation française : fromage, yaourt, thé, pain complet, légumes verts, viande saignante, poisson NON FRIT, charcuterie !
Mais je crois que le plus difficile pour moi c’est de ne plus parler ma langue maternelle le français ou de ne parler qu’une fois par semaine avec ma famille ou par écrit quand je rédige mes mails ou mes articles ! je vois bien même qu’il m’arrive de penser en portugais mais n’ayant pas tout le vocabulaire et n’ayant jamais reçu de cours, beaucoup de bases me manquent pour pouvoir m’exprimer correctement.
Aujourd’hui ma famille du côté de papa se réunit. Pour la deuxième fois, je ressens le désir d’être en France auprès de ceux que j’aime. Mais grâce à mon papa j’ai réussi à parler à de nombreuses personnes de ma famille et notamment à mon grand-père avec qui je n’ai aucun moyen de communication hormis la « poste » … Je prends vraiment conscience que c’est de l’autre côté du monde, en Amérique du sud que ma famille proche et éloignée a beaucoup d’importance pour moi.

dimanche 22 : Le Seigneur ne nous lâche pas et encore moins dans les moments difficiles ou lorsque Il nous voit triste ! Quelle surprise lorsque j’ai vu Noémie de fidesco (association créé par la communauté catholique de l’Emmanuel) française, de 19 ans, après mon petit déjeuner, en train de prier dans la chapelle ! Nous nous étions rencontrées aux Alagados en juillet lors de la messe des 20 ans de la paroisse. Nous avions beaucoup échangé et je l’avais invitée à venir découvrir la communauté du Verbe de Vie. Sa mission se termine dans 1 semaine, elle va rentrer en France. Elle a donné son été de vacances pour aider à l’alphabétisation des enfants dans un autre quartier de Salvador. Nous avons parlé une partie de la journée sans arrêter. A son retour en France, elle compte continuer sa mission, l’alphabétisation pour les émigrants avec les petites sœurs du Sacré Cœur à Nantes ! je trouve que c’est génial qu’elle est le désir de continuer sa mission en France même en ayant des études. J’espère pouvoir faire de même à mon retour. Cette rencontre, ce moment de partage fut un vrai cadeau pour moi ! Les petits rien, les rencontres me font découvrir ce qu'est l’essentiel pour ma vie.

lundi 23 août : Encore une heure que je passe à me laver les cheveux, passer la crème pour les cheveux et ensuite passer le peigne fin mèche par mèche. Je n’ai plus de poux ! Ouf ! mais étant donné que je suis tous les jours en contact avec les enfants je suis obligée de faire une inspection méticuleuse tous les week-end et passer le lisseur à cheveux après sur cheveux secs et ça va durer jusqu’à mon retour en France ! Les poux j’en ai eu mais j’en aurai plus, enfin j’espère !! Sr Madalena, mon petit ange gardien, vient de m’annoncer qu’elle va faire son possible pour que je puisse mettre mes vêtements dans les bassines et que je n’ai plus de vêtements à laver à la main !!!!! c’est vrai que si je n’ai plus à laver mon linge à la main, mes mains se porteront mieux, car je fais une réaction allergique et après 3 heures de lessive et une bonne nuit de sommeil, mes mains sont couvertes de bouton et sont à vifs ! étant donné que je fais les vaisselles à la crèche et que je m’occupe du goûter, la peau a du mal à cicatriser ! mais je sais qu’ici, avoir une machine à laver le linge est un luxe et qu’en général les personnes n’ont pas ce luxe pour se payer une machine et donc elles lavent le linge à la main ! Ma mission serait trop facile si elle s’arrêtait à passer 3 heures avec les enfants l’après-midi et que je ne vivais pas les difficultés de la vie ici. C’est certainement la raison pour laquelle je n'ai jamais trop parlé à la communauté de mes problèmes de peau.

mardi 24 : Grande nouvelle ! Plus de 6 mois que je suis ici pour la mission et j’ai reçu mon plus beau cadeau aujourd’hui ! Cette après-midi j’étais avec Daiane elle est avec les 7- 9 ans. C’était la première fois que je restais avec elle. Par ailleurs, une petite Mealane qui s’est attachée à moi, très vite à mon arrivée, voulait toujours rester avec moi ainsi que sa sœur plus jeune. Or depuis mon retour de Rio lorsqu’elle vient à la crèche, elle se dispute et frappe beaucoup les autres alors que ce n’était pas son habitude. Elle a un caractère doux et calme. Aujourd’hui donc en la voyant je suis allée lui dire bonjour en lui caressant gentiment le bras. Quelle fut ma surprise lorsque je l'entendis me répondre « ne me touche pas ». Je fus étonnée de sa réaction mais je n’y ai pas prêté plus attention me disant qu’il y avait du se passer quelque chose chez elle ou bien avec les autres enfants pour qu’elle se comporte ainsi. Puis lorsque je me suis retrouvée à côté d’elle pour le travail, elle a rejeté tout ce que je lui proposais de faire. J'ai donc essayé d’avoir une parole gentille, qui touche plus le cœur d’une petite fille que de crier et de perdre patience. A un moment elle est sortie, je suis donc sortis avec elle et lui ai demandé pourquoi elle était comme cela aujourd’hui, pourquoi elle était triste. Puis nous nous sommes assises et elle a commencé à pleurer dans mes bras sans rien dire, sans répondre à mes questions, puis après, elle s’est levée et elle est rentrée dans la salle et a commencé à faire ses activités. Je suis triste pour elle, j’espère qu’elle ira mieux demain. N’étant pas avec les petits, lorsque je les ai rencontrés à la sortie de leur salle, Adrien m’a sauté dans les bras pour me faire un gros bisou, je suis habituée, mais c’est une habitude dont je ne me lasse pas. Mais quelle ne fut pas ma surprise lorsque Tiago, le frère d’Adrien et des jumelles qui ont habité dans la classe de la crèche, m’a ouvert ses bras et m'a dit « Tia me amor ! » (tia est un petit nom affectif que les enfants donnent aux personnes qui prochent d'eux mais autres que la famille) c’était la première fois qu’il me disait cela et d’une telle sincérité que je fus toute émue ! Plus tard j'ai rencontré Vitor 3 ans que j’aime beaucoup aussi, et qui a commencé à me parler tout en revenant à la salle pour terminer son travail. Véréna m'a dit par la suite qu’il ne parle que de moi quand je ne suis pas là et qu’il n’obéit quasiment qu’à moi. Puis elle m’a avoué qu’elle n’aurait jamais pu passer autant de temps avec Mealane ; me disant également que j'avais beaucoup plus de patience qu'elle ! Ces trois choses qui peuvent paraître ridicule ont pour moi une importance énorme, mais pas très bon pour mon humilité! Combien de fois j’ai prié pour que Dieu m’apprenne tous les jours à mieux aimer ces enfants et grandir en patience, je vois que Dieu exauce mes prières et qu’Il est fidèle à la promesse de ne pas me laisser seule dans les difficultés ! je sais que j’ai encore beaucoup de chemin à faire et que je vais certainement pleurer plus d’une fois encore car la mission reste difficile mais ces cadeaux sont pour moi la preuve que je ne suis pas là en décoration et que j’ai bien ma place ici ! mais aussi que mes efforts, ma persévérance et mes prières ne sont pas veines car sans Dieu je ne pourrai rien et je ne serais pas ici ! Ces 6 mois ont été difficiles j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir ; si je suis encore là malgré les difficultés c’est parce que Dieu existe qu’Il est au milieu de nous et qu’Il me donne chaque jour la force de me lever le matin, et de continuer la mission !

mercredi 25 : cet après-midi, j’étais avec les ados, elles n’étaient pas nombreuses mais le nombre ne m’importe peu, si nous arrivons à faire quelque chose avec quelques unes. Ce n’est pas sûr qu’avec beaucoup nous arriverons à faire plus. Ce mois-ci nous prions pour les vocations et pour l’Eglise. Karen et Adriana avaient cherché des textes pour expliquer les trois vocations : le sacerdoce(prêtre), religieux, et le mariage. Je ne pensais pas qu’elles allaient les intéresser. Et bien j’étais surprise car les filles étaient très contentes de connaître un peu mieux chacune des vocations. Nous avons partagé et conclu que chaque vocation est un appel de Dieu, que Lui seul nous donne la Grâce de vivre pleinement sa vocation avec ses joies et ses difficultés, et que chacune est difficile à vivre ! Ce fut un temps de partage intéressant. Par contre, Karen et Adriana ont annoncé aux filles leur départ en Belgique pour deux ans à partir de décembre. Nous avons eu beau leur dire que la mission continuerait, que moi je serai encore là et que d’autres personnes prendront le relais, elles ont eu le sentiment qu’on les laissait. En fait, elles ont peur qu’on les abandonne et qu’il n’y ait plus de projet. Je comprends que ce ne soit pas facile à cet âge où l'on a besoin de repères. Elles ont besoin de personnes en qui elles peuvent faire confiance et avec qui elles peuvent parler, elles affectionnent beaucoup les missionnaires qui viennent ; le départ de Sarah et Bertyle fut très difficile pour elle et je vois aujourd’hui les répercussions sur le projet ados filles, qu’est ce qu’il en sera après le départ de Karen et Adriana ?
Pendant ce temps là, la mission auprès des enfants s'est révélée difficile. C’est la première fois que je vois Daiane aussi désespérée. Ce soir, le frère a demandé à toute la communauté que l’on prie spécialement pour l’équipe de Talita (nom de la crèche). Dieu nous aide dans nos difficultés quotidiennes mais ne nous les enlève pas ; lorsque Jésus a fait son chemin avec la croix sur le dos, il n’a pas demandé à Dieu, son Père du ciel de lui enlever la croix mais Dieu lui a donné Simon de Cyrène un homme qui revenait du champ pour l’aider, pour que sa croix soit moins lourde à porter ! c’est ainsi que je comprends mieux les difficultés que nous avons, sachant que la peine et la souffrance que nous avons pour certains enfants est dix fois supérieurs à celle de Dieu !

jeudi 26 : Le frère qui est responsable de la crèche est malade depuis 1 mois. Il ne se soigne pas sérieusement. Il tousse beaucoup mais ça ne l’empêche pas d’être toujours de bonne humeur et d’avoir le sourire et la joie au cœur ! cependant aujourd’hui il n’est vraiment pas bien et nous sommes obligés d’annuler la crèche. Véréna tout en habitant dans la communauté continue ses études pour être psycho-motricienne or elle doit travailler cette après-midi ; bref nous sommes que deux pour gérer tous les enfants, impossible ! Donc nous avons passé l’après-midi à regarder et vider les armoires pour voir le matériel que nous avons pour décorer la salle de Daiane qui est un peu vide !

vendredi 27 : vendredi jour de la passion du Christ. Je me demandais pourquoi la journée avait été aussi dure ! hé bien voilà ! j’ai la réponse ! si je regarde un peu en arrière, c’est souvent les vendredis qui sont les plus difficiles ! les enfants ont été intenables, je crois qu’on va arrêter de faire la catéchèse à l'ensemble du groupe car on passe toute l’après-midi à crier, à séparer les enfants et à dire : « stop, arrête, descend de là, viens ici, arrête de crier, écoute ! » bref super ! nous n’avons pas eu une seconde de silence de toute l’après-midi. Finalement le frère a décidé de renvoyer les enfants chez eux. A la fin nous nous sommes retrouvés tous les 4 épuisés, éreintés. Puis le frère nous a proposé de prier ensemble et nous avons partagé sur la mission, simplement les difficultés de chacun, nos lacunes, les points forts et surtout les points faibles de la mission, son objectif puis nous nous sommes demandés pardon pour ce que nous avions pu faire. Ce moment était important pour chacun d’entre nous, un cœur à cœur qui certainement sera source de grâces et de bénédictions et nous rendra plus fort, du moins je l’espère, et puis le Seigneur est miséricordieux, il nous aidera ! « Talita, leventa-te », « jeune fille léve-toi » est le nom de la crèche ! Enfant lève toi, nous voulons que ta crèche soit un lieu de paix, d’amour, et de vie et non un lieu de cries ! bientôt les communautaires qui ont ouvert la crèche vont revenir en septembre, nous allons être plus nombreux, nous allons pouvoir mieux nous organiser, revoir les objectifs et la pédagogie qui étaient en place au commencement ! Ce soir je suis épuisée, j’ai le cœur triste, car ces enfants je les aime, j’apprends à les aimer tous les jours un peu plus ! mais c’est difficile de porter la croix de la mission.

samedi 28 : Aujourd’hui c’est la fête de Saint Augustin « Aime et fais ce que tu veux » disait-il. Cette phrase m’a toujours laissé perplexe, j’ai beau chercher la profondeur, le parallèle entre « aimer » « et » « fais ce que tu veux » mais je n’y arrive pas. J’en ai un peu parlé avec Paula mais ce qu’elle a pu me dire ne m’a pas aidé. Car si en aimant et en apprenant tous les jours plus à aimer, on se sent plus libre pour autant on ne peut faire ce qu’on veut ! De quoi parle t-il donc en disant « et fais ce que tu veux » ? Je crois que je vais prier St augustin pour qu’il m’éclaire un peu sur cette phrase. Les textes de la messe de saint Augustin sont magnifiques surtout la première lecture tirée de l'épitre de St jean chapitre 4.7-16.

« Mes bien-aimés, aimons nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu, et ils connaissent Dieu. Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour. Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous ; Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici à quoi se reconnait l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés et il a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés. Mes bien-aimés, puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et son amour atteint en nous sa perfection. Nous reconnaissons que nous demeurons en lui et lui en nous, à ce qu‘il nous donne part à son Esprit. Et nous qui avons vu, nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. Et nous, dans la Foi, nous avons reconnu, présent parmi nous, l’amour de Dieu. Dieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu en Lui. »
Je ne me lasse pas de lire et relire ce passage de la bible car il explique qui est Dieu, la profondeur de Dieu, sa bonté pour nous et surtout son amour. C’est ainsi que je comprends pour quoi je suis faite. Alors bien sûr il ne faut pas lire d’une traite ce passage mais le lire phrase par phrase pour en méditer toute la profondeur, lire et relire et comprendre l’ensemble.

dimanche 29 : En octobre il y aura les élections présidentielles ! Étant donné que j’aime la politique, je ne peux que m’intéresser à la politique brésilienne qui est différente sur bien des aspects à la politique française ! Malheureusement je manque beaucoup d’informations pour avoir une idée précise sur les personnes qui se présentent pour les présidentiels. C’est un sujet très tendance en ce moment il est rare qu’il ne soit pas évoqué lors des différents repas de la journée. Les catholiques sont face à un réel problème de conscience car la plupart des personnes qui se présentent sont en faveur de la mort, pour la législation de l’avortement, et les autres qui ne parlent pas de la législation sont pour l’institution du mariage homosexuel ! Alors la question est pour qui voter ? Le moins pire disent certains mais qu’est ce que le moins pire ? Même si pour ma part je constate que le président ne pèse pas lourd au niveau de la politique nationale car les régions et les députés ont un impacte bien supérieur ; le président reste un petit pantin ! De plus l’économie est gérée essentiellement par des entreprises privées qui ne favorisent pas le développement du pays. Elles agissent exclusivement par intérêt propre. Quel dommage car le Brésil est riche en ressources naturelles mais tellement exploitées que les brésiliens ne touchent rien. Mais encore, l’éducation est faite au minimum, en effet, plus les personnes reçoivent une éducation, plus ils réfléchissent et plus ils sont aptes à se rebeller Bref ça ne serait pas profitable pour les personnes qui vivent de la misère des pauvres ! Il est vrai depuis que le président Lula est au pouvoir, il y a eu du changement, avec quelques améliorations notamment la bourse scolaire ! c’est bien, c’est bien… mais elle est tellement mal gérée que ceux qui la reçoivent n'en ont pas forcement besoin et si les personnes qui la touchent en ont vraiment besoin ils utilisent souvent l’argent pour autre chose… c’est vrai que des choses sont faites mais sont tellement mal organisées et mal gérées que cela ne sert finalement à rien !
L’autre jour lors du diner, quelqu’un me faisait remarquer qu'à la fin de l’année toutes les maisons qui servent de restaurant ou de brasserie sur la plage, seront fermées. En effet, le préfet de Salvador a demandé que les plages soient nettoyées des baraquas ! point positif : les gens n'auront plus à dépenser leur argent pour manger, avoir une chaise et un parasol ! Le point négatif : c’est que lorsqu’il n’y a pas grand monde, il n'y a donc pas de surveillance et le nombre de vols et d'agressions augmentent ! De plus, sans ombre l’été, il est impossible de rester 3h sur la plage ! Et c'était bon pour le tourisme ! Et je rajouterai qu'il y a bien des choses plus importantes à faire que de dépenser de l’argent à déblayer les plages des baraquas traditionnels de Salvador ! certes c’est un détail mais très significatif du Brésil !
L’autre jour, encore je rencontrai une personne qui avait rendez vous à l’hôpital car dans une semaine elle subit une chirurgie importante. Je lui demande comment c’est passé le rendez vous et me répond « les médecins sont en grève, je saurai la veille de la chirurgie si on m’opère ou pas ! »
Encore autre chose, il y a 15 jours, j’allais au centre de soin du Capelao avec Daiane qui s’était fait mal au pied. La personne qui nous a reçues a un diplôme d’infirmier d’une université publique, je suppose. Une personne avec une bonne formation secouriste et une bonne expérience sur le terrain en France vaut certainement mieux qu’un diplôme d’infirmier ici ! Bien qu'ayant peu d’expérience dans le milieu paramédical, je sais que la première étape à suivre avant de démarrer un soin est de mettre des gants ! Au bout de deux minutes de marche le bandage était défait ! c’est alors que j’ai dit à Daiane que j’allais lui refaire son pansement en lui donnant quelques indications pratiques pour permettre une cicatrisation plus rapide et éviter l’infection ! J'imagine que le diplôme français d’infirmier doit être équivalent (en compétence) de médecin ici avec un meilleur salaire et une meilleure vie! Ça a de quoi en faire réfléchir plus d’un …
Durant mon séjour à Rio, j’ai rencontré un étudiant en médecine en école privée, je ne m’attendais pas à le voir du week-end. Or j’étais surprise qu'il passe autant de temps à regarder la télé et à parler avec moi ! Pourtant, il semble être un élève sérieux. Certains me diront peut être de ne pas comparer mais je connais le rythme des études de mes ami(e)s qui sont en école supérieure ou en médecine en France ! en général ils n'ont guère de temps pour regarder la télé ou pour sortir !
Pour finir le Brésil vous le savez tous est un pays de corruption qui n’aide pas à l’évolution du pays. Certains pensent que la coupe du monde de foot en 2014 va apporter un changement, je l’espère mais je crains que la population ne voit pas beaucoup de changement hormis un stade tout neuf et le métro qui après 10 ans de travaux sera enfin mis en circulation ! Dans la région de Bahia il existe encore beaucoup de lieu sans eau courante et sans gaz ni électricité. Les gens vont au puits chercher et cuisine au feu de bois !

lundi 30 : Aujourd’hui j’ai passé 1H30 à laver mes vêtements à la main. En effet, je ne mets pas tout à laver à la machine car elle abime beaucoup les vêtements. En revenant de la laverie, je suis passée derrière la maison qui donne sur les fenêtres des chambres. Quand au loin à proximité du mur qui sépare le quartier de la communauté, j'ai vu dans les arbres 6 ados courant, criant. Probablement qu'ils ne savent pas que c’est un endroit qui résonne beaucoup. C’est dans ce lieu qu'il y a eu le feu en février ou mars dernier. Je comprends maintenant pourquoi nous devons fermer toutes les fenêtres dès que nous quittons nos chambres et fermer tout à clefs systématiquement ! Les visiteurs sont fréquents !

mardi 31 : le temps passe très vite, l’hiver brésilien commence à faire place au printemps. Même si l’hiver brésilien ressemble à un été français avec un taux d’humidité beaucoup plus élevé bien sûr qu’en France, nous avons des journées de pluie torrentielle avec une température qui se rapproche de 20°. Dans quelques semaines, je pourrai de nouveau prendre la route de la plage que j’ai quittée en juillet ! ;) je reconnais qu’il fait bon de vivre avec le soleil et la chaleur, un peu moins avec les moustiques mais on s’y fait ! Donc aujourd'hui 31 août, l'après-midi fut plutôt calme avec 18 enfants. Malheureusement Véréna a été retenue à son lieu de stage, elle n’est donc pas montée à la crèche. Ce fut plus intense pour moi car j’ai fait de nombreux aller-retour entre la grande salle avec les grands et la petite où Daiane s'occupait des petits et des moyens, puis le portail et la cuisine. Bref j’ai couru de droite à gauche durant toute l’après-midi ! c’est pas mal de faire un peu de sport ! Avant d’accueillir les enfants, j’ai proposé à Daiane et au frère de prier pour confier cet après-midi et je crois que nous devrions le faire plus souvent !
J’ai aidé une fille de 9 ans à faire ses multiplications, et j'ai découvert avec étonnement qu’elle passait du 39 au 50 ! elle ne savait pas non plus écrire les nombres que je lui dictais ! Nous avons constaté également qu’elle ne savait quasiment pas écrire et lire encore moins ! Il y a des enfants de 8 ans à la crèche qui ne savent pas reconnaître ni écrire les lettres. C’est impressionnant ! J’ai mené une activité d’alphabétisation avec un garçon de 11 ans pour qu'il apprenne à écrire l’alphabet en majuscule et en minuscule. C’est vrai qu’en général les mamans non plus ne savent ni lire ni écrire.

En priant devant le Saint Sacrement je demandais à Dieu une explication sur la phrase de St Augustin qui me laissait encore perplexe. Ma pensée continua sur ce que j’avais écrit samedi. Puis je conclus qu’il fallait que je regarde dans le catéchisme de l’église catholique. En revenant à ma chambre j’ouvre le catéchisme et je tombe sur le prologue 1 La vie de l’homme – « connaître et aimer Dieu ». Je commence à lire et constate que c’est exactement ce que dit St jean dans la Parole de Dieu mais écrit d’une autre manière et finalement ce que je sais déjà. Et mes pensées vagabondent... je me rappelle alors que j’ai dans mes affaires l’encyclique « Dieu est amour » écrit par Benoit XVI en 2005 et que je n’ai pas encore lu ! C’est ainsi qu’en tournant les pages je tombe sur « Amour de Dieu et amour du prochain ». On rencontre Dieu dans l’autre dans son prochain, c’est aimant l’autre qu’on aime Dieu et qu’on rencontre Dieu. Si l’amour est agapé, en aimant l’autre on voudra son bonheur alors on fera tout ce qu’il veut pour son épanouissement. Plus on aime plus on a le désir d’aimer. Voilà c’est cela « aime et fait ce que tu veux » conclusion : plus tu aimes ton prochain, plus tu veux le voir heureux, plus tu fais tout ce qu’il veux pour le bonheur de ton prochain, car cela te rends heureux de le voir heureux. Je crois être plus satisfaite car ce « et fais ce que tu veux » ne me donnait pas satisfaction. En effet, je trouvais cela très égoïste de dire à partir du moment où l'on aime on fait ce que l'on veux ! en fait ça va beaucoup plus loin ... Qu’est que ce que l’amour ? qu’est ce qu’aimer en vérité ? et qu’est ce qui en découle ? une partie des réponses se trouve dans le texte de St Jean que j’ai écrit samedi. Je crois qu'en ce 31 aout je vais rester sur ces méditations.

Bilan des 6-7 mois : J’arrive déjà à une période de bilan des premiers mois ! Que de joies et de découvertes ! Avec un peu de recul, je peux tracer un graphique très clair sur ces mois. Les deux premiers mois avec Sarah et Bertyle ont été la joie de la découverte. Ensuite je me suis vite retrouvée seule, les difficultés avec la langue et avec la communauté se sont faits ressentir et déjà fin avril je revenais en France 3 semaines pour repartir avec mon visa d’1 an. De retour fin mai, j’ai vite repris le rythme de la mission tout en constatant les difficultés et mes limites.
Juin- Jusqu’à mon départ à Rio, ce fut la période la plus difficile au niveau de la mission. J'avais l’impression de ne pas avancer, faire tous les jours la même chose me pesait, j'avais des difficultés à me lever le matin et je vivais difficilement la solitude. Depuis Rio, je suis passée de la mort à la vie ! il était temps que Jésus vienne me retrouver dans ma solitude et ma faiblesse. Aujourd’hui malgré les difficultés quotidiennes, les hauts et les bas, je vois la mission sous un autre angle. J’ai le cœur plein de joie et une qui ne tarie pas, depuis Rio. Et j’espère que ça va durer encore très longtemps ! Je suis plus que convaincue que Dieu est présent dans ma vie !