Mon quartier "Capelao" .... ma vie, ma réalité au Brésil ....

Mon quartier ... Capelao

Capelão est un quartier de Lauro de Freitas, ville limitrophe de Salvador da Bahia.
Le quartier est situé à 20km de Salvador, capitale de l’état de la Bahia. À l’époque, c’était une vaste exploitation agricole nommé « Fazenda Grigorinho », entourée de maisons très modestes qui abritaient les familles travaillant dans la fazenda.
En 1950, les familles croissant et le nombre de résidents augmentant, l'idée de quartier germe peu à peu dans leur esprit. En concertation avec les habitants, une grande chapelle est construite par l'Église catholique et le quartier est baptisé, par ses propres riverains, Capelão qui signifie aumônier en français.
Pendant les années 70 à 80, par initiative des habitants, des petits commerces ont commencé à voir le jour. La population a également continué à grandir à travers l’invasion des terres, « invasão » (des personnes qui n’ont nulle part où vivre, envahissent un terrain, construisent une "maison" avec des morceaux de bois comme base et des bouts de plastique pour servir de mur ou des bouts de carton aposés les uns sur les autres).
Avec cette subite croissance, la mairie de Lauro de Freitas s’est vue peu à peu obligée de donner un minimum de structure à ce quartier.
Aujourd’hui il y a environ 3000 habitants, une école publique, une école privée. Il y a l’eau potable, l’électricité, un poste médical sous le modèle PSF [programme gouvernemental : Programme de Santé Familliale], la route principale est goudronnée. Comme dans de nombreux endroits au Brésil, il y a différentes églises de dénomination chrétienne. Se pratique aussi le Candomblé, une pratique religieuse brésilienne imprégnée des rites africains des anciens esclaves. Il y a un système de transport qui relie le quartier aux autres quartiers proches et ainsi qu’au centre-ville. C’est précaire mais très utile pour les habitants, comme pour les travailleurs ou pour aller résoudre des questions administratives. Il exite aussi un cyber-café. Il y a encore dans le quartier une maison de prostitution. La plupart des maisons des riverains se trouvent dans les "invasão".
Depuis 2006, a été mis en place une Association de quartier qui a pour but d’améliorer la vie des habitants, au travers d’interventions auprès des autorités compétentes.
Peu à peu, se lèvent des "des fils du quartier" qui « rêvent d’un futur meilleur où l’éducation ne sera pas seulement une loi écrite sur papier mais un plaisir partagé par tous, où la santé ne sera pas uniquement accessible à quelques privilégiés, où la famille ne sera plus détruite par la misère mais où chacun aura un minimum pour vivre. »
Profil de la population
Il y a une moyenne de 3000 habitants, composée de familles de compositions très différentes. Il y a des familles où la grand-mère est l'aide principale, elle est à la base de l’entretien de ses propres enfants qui sont encore à la maison et par conséquents des petits-fils. D’autres ont comme figure paternelle un oncle, un beau-père ou un frère plus vieux. Il est très rare de rencontrer des familles où la représentation masculine est le père légitime [géniteur] des enfants ou de tous les enfants de la maison. Très peu de familles ont une structure idéale [papa, maman, enfants].
La moitié de la population vit dans une grande pauvreté, une situation de misère. L’autre moitié est mélangée entre ceux qui ont une situation convenable et ceux qui vivent juste au-dessus du seuil de pauvreté.
Les familles pauvres, pour la plupart monoparentales, se débrouillent comme elles peuvent pour subvenir aux besoins vitaux de la famille. Il y a des femmes qui vont à la Ceasa [grand marché de fruits et légumes à une trentaine de minutes à pied du quartier] pour récupérer des légumes que personne ne veut acheter, il y en a également qui ramassent des canettes de bières et de soda pour les revendre et d’autres qui font les poubelles pour récupérer du « vieux fer», malheureusement il y a aussi celles qui se prostituent pour "arrondir les fins de mois" et avoir droit à un peu de viande dans la soupe...
Scolarisation – Formation
Il y a un taux élevé d’analphabétisme. La pauvreté ne permet pas un accès à l’apprentissage de base. Aujourd’hui il existe cependant une structure pour assurer un minimum d’éducation, mais les parents ne sont pas encore aptes à aider leurs enfants à l’assimilation de ce qui est enseigné. Le manque de scolarité entraine un manque donc un manque de qualification professionnelle, beaucoup survivant de travaux informels :
Travail
La majorité de la population vit d’un travail informel :
CEASA : grand marché de fruits et légumes proche de Capelão, beaucoup y travaillent comme chargeur, les enfants offrent leur services pour porter les sacs des acheteurs et à la fin de la journée ils ramassent les invendus qui ont été mis de côté pour aller à la poubelle.
D’autres vendent des bâtons glacés, des bonbons, des sodas, des sandwichs sur le bord des routes, sur les plages ou dans des endroit les plus fréquentés.
Une autre partie travaille comme maçon ou dans une carrière de pierre qui se trouvent dans les terres intérieures du quartier [travail dangeureux à cause de l’utilisation de dynamite, plusieurs cas d’accidents graves] ;
Quelques femmes sont "journalières" dans des maisons de famille [travaillent deux jours dans la semaine au ménage, lavent le linge, repassant, faisant enfin tous les travaux domestiques de la maison] ;
Enfin certains sont des travailleurs agricoles ;
Et une minorité travaille dans des entreprises avec tous les droits : il y a deux entreprises à ce jour dans le quartier, une entreprise de fibre et une fabrique de meubles pour bureau.
Lieux d’habitation
Des maisons sommaires, avec très souvent avec une pièce unique où sont entreposés des vêtements sales, des casseroles brulées au feu de bois, de la vieille ferraille entassée dangeureusement, un peu de farine dans un pot de lait en poudre rouillé où les rats passent et repassent, deux vieux matelas en décomposition, un pour la maman et son "compagnon" et un pour les enfants. Cela signifie que les enfants cohabitent dans la même pièce avec toutes les conséquences qui s’en suivent... Le quartier étant en pente, il y a des chemins en terre où ruissellent les égouts des maisons, cela forme une sorte de mare d’eau stagnante où les enfants vont jouer sans aucune interdiction parentale.
Conséquences :
Les enfants de ces familles se retrouvent avec un besoin urgent de soutien humanitaire. Ils n’ont pas de référence sociale ; des enfants qui, pour la plupart, sont privés de toutes les ressources nécessaires à leur développement physico-psyco-social : alimentation, vêtements, loisirs, formation scolaire convenable, hygiène, logement.
Les histoires que nous entendons, que nous voyons de nos yeux quotidiennement sont des situations à haut risque allant de la famine à la violence physique et sexuelle.
Des parents qui face à la promiscuité répondent par la promiscuité. L’histoire de dona Renata, qui n’est pas un cas isolé nous permet de percevoir la situation générale du quartier. Une femme de 39 ans, 9 enfants dont 4 ont été adoptés, est dépendante de l’alcool, quand elle boit elle n’a plus aucun jugement rationnel. Elle se met à battre, à injurier ses propres enfants. Elle emmène avec elle sa dernière petite fille de 5 ans dans les bars et l’enfant est témoin occulaire de la prostituition de sa mère. L’enfant est très souvent livrée à elle-même, se promène toute seule dans les rues à des heures très tardives, devenant ainsi l’objet d’amusement pour les hommes et les adolescents qui se trouvent sur son chemin. C’est horrible, mais c’est notre réalité. Des enfants de 10 ans déjà livrés à l’alcool, au trafic de drogue. Des jeunes ados de 12 ans fréquentent des dealers, exposant leur famille à la mort.
C’est la réalité de Capelão : un grand taux de marginalisation. Dans cette situation, il y a un grand pourcentage d’analphabétisme, de consommation et de trafic de drogues, ainsi que de prostitution infantile.
Projet de la Communauté
Une grande souffrance se vit au sein de ces familles. Elles subissent leur état. Beaucoup désirent sortir de cette situation de misère mais très souvent leurs propres histoires si lourdes à porter [les propres parents eux-même ont été victime d’abus sexuels, de violence physique, d’abandon etc...] font qu’elles sont comme poussées à reproduire ce qu’elles ont déjà vécu.
Ces personnes, humaines, ont besoin de soutien, d’encouragement, d’apprentissage !
L’homme est bon dans son essence, tout ce qui le défigure est conséquence d’une souffrance subie et du poids du péché.
Face à une telle souffrance, la Communauté du Verbe de Vie ne peut rester inactive. Elle s’est sentie poussée à donner ce qu’elle a de plus précieux : la certitude de la dignité de toute personne humaine.
C’est ainsi que nous avons continuer l’oeuvre Familles de Béthanie {link} commencé aux Alagados quelques années auparavant.
http://www.leverbedevie.net/index.php/fr/maisons/salvador-bahia/quartier-capelao